
Par goût, par instinct, les Romains ont toujours aimé ce qui était dramatique. De fait la poésie qui s’est réellement imposée l’a été à travers le théâtre, et en premier lieu dans les villages où l’on jouait les jours de fête des petites pièces improvisées, avec des gradins construits et démolis après chaque représentation. Et il a fallu attendre très longtemps pour voir construire un théâtre permanent, puisque le premier à Rome date de Pompée (68 avant J.C.) Dans ce monument seront données notamment les pièces de Plaute, Térence et Attius.
A partir de cette époque, on joua des pièces régulières avec des comédiens professionnels, et non comme les siècles précédents avec des acteurs volontaires. Ces comédiens de profession, tous esclaves parce que le métier d’acteur était noté d’infamie, furent appelés histrions, d’un mot étrusque qui signifie baladins. Les Etrusques ont été en effet des précurseurs dans le théâtre à Rome, car c’est eux qui mirent véritablement à la mode la musique dans les représentations, puis des danses (365 avant J.C.). En outre il faut noter que les troupes professionnelles ne comportaient pas de femmes, les héroïnes des tragédies ou des comédies étant représentées par de très jeunes esclaves.
Si le théâtre était contrôlé par des magistrats ou des édiles, afin de s’assurer que le poète ne s’était permis aucune allusion aux affaires publiques, en fait l’organisation des spectacles appartenait aux directeurs de troupes, lesquels le plus souvent avaient été eux-mêmes acteurs. Il faut noter aussi qu’il n’y avait dans le théâtre que des places gratuites, ce qui explique la forte affluence à chaque représentation, au demeurant assez rares. Bien entendu le public était placé selon des critères bien définis, avec aux premiers rangs des gradins les chevaliers et les personnages de marque, la plèbe s’entassant comme elle pouvait aux derniers étages. On notera au passage que vingt siècles plus tard, rien n’a vraiment changé.
Les pièces qui étaient joués étaient essentiellement des imitations de la tragédie et de la comédie grecque, et elles portaient le nom de tragédies ou de comédies à pallium en fonction des vêtements que portaient les acteurs. Certains de ces acteurs eurent ensuite l’idée de faire entrer des sujets et des personnages empruntés à la vie de Rome, tout en conservant le cadre tracé par les Grecs. On eut alors ce que l’on a appelé la comédie à toge (vêtement national des Romains), et la tragédie à prétexte, parce que la robe bordée d’une bande de pourpre (praetexta) était le costume distinctif des magistrats et des patriciens.
Le succès de ces pièces d’inspiration athénienne, même élargie aux personnages romains, ne fit pas oublier les joies que procuraient aux temps anciens les bouffonneries des villages. C’est ainsi que des atellanes ou des mimes servaient parfois d’intermèdes aux pièces de forme classique. L’atellane est une sorte de parade improvisée par les acteurs à partir d’un canevas arrêté à l’avance. A chaque emploi est attaché un masque, toujours le même, qui fait connaître par avance le caractère de celui qui le porte.
Parmi les plus célèbres on peut citer Maccus, sorte de rustre niais et glouton, ancêtre du polichinelle napolitain, mais aussi Bucco, vantard et grossier, Panniculus, un vaurien leste et entreprenant, Dorsennus, un bossu pédant et filou, ou encore Pappus, une ganache solennelle et grotesque. Dans ces petits drames, qui se passaient le plus souvent à la campagne, il n’y avait évidemment point de complications dans l’intrigue. En fait ils n’étaient égayés que par les inspirations des acteurs et les saillies du dialogue.
Le mime ne différait guère de l’atellane, mis à part que le masque n’était pas fixe. D’autre part, au lieu des mœurs campagnardes, on peignait plutôt la vie des artisans des villes. En outre, dans ces œuvres, tous les rôles étaient subordonnés à celui d’un personnage principal, l’archimime, les autres acteurs ne servant qu’à lui donner la réplique.
Michel Escatafal
Jean-Louis Guez de Balzac est né en 1594 à Angoulême, ville où il est mort en 1654. De 1611 à 1622 il remplit plusieurs fonctions à l’étranger et fut nommé par Richelieu, à son retour à Paris, Conseiller d’Etat et historiographe de France. Il dut cette nomination au fait que ses Lettres l’avaient fait connaître. Ensuite, dès 1634, il fut choisi pour faire partie de l’Académie française, mais ne quitta point pour cela sa terre de Balzac en raison d'un état de santé délicat.
Né en 1567 au château de Sales, près d’Annecy, François de Sales entra dans les ordres en 1595. Ensuite il fut nommé évêque de Genève en 1602, et résida en cette qualité à Annecy. Il mourut à Lyon en 1622 et fut canonisé en 1665. Ses écrits, d’une grâce un peu molle et qui ne sont pas toujours exempts de mauvais goût, révèlent une âme d’une grande douceur, et souvent un esprit pénétrant et moraliste.
Pierre de Bourdeille, qui prit le nom de Brantôme, d’une abbaye dont il avait le bénéfice, quoique laïque, est né vers 1540 en Périgord et mort en 1614. Soldat, il guerroya contre les huguenots, les Turcs et les Maures, mais aussi courtisan, il se retira dans ses terres après la mort de Charles IX (1574) et s’y occupa de consigner par écrit tout ce qu’il avait su ou appris de curieux sur les plus célèbres personnages de son temps.
Le philosophe cynique Ménippe, Grec de Syrie, qui vivait au 4è ou au 3è siècle avant l’ère chrétienne, avait laissé une réputation presque légendaire de satirique spirituel et audacieux. Il avait d’ailleurs publié un recueil de satires qui devinrent des modèles du genre. Ainsi l’érudit Varron (116-27), que certains ont appelé « le plus savant des Romains », avait écrit des satires à la manière de Menippe. C’est du même souvenir que se sont inspirés les auteurs du plus célèbre de tous les pamphlets qui ont été publiés pendant la Ligue, la Satire Ménippée du catholicon double d’Espagne et des Etats de la Ligue, œuvre littéraire de grande valeur qui a contribué à ramener les esprits de l’époque à plus de tolérance.