Jean-Louis Guez de Balzac est né en 1594 à Angoulême, ville où il est mort en 1654. De 1611 à 1622 il remplit plusieurs fonctions à l’étranger et fut nommé par Richelieu, à son retour à Paris, Conseiller d’Etat et historiographe de France. Il dut cette nomination au fait que ses Lettres l’avaient fait connaître. Ensuite, dès 1634, il fut choisi pour faire partie de l’Académie française, mais ne quitta point pour cela sa terre de Balzac en raison d'un état de santé délicat.
Il n’en fut pas moins l’oracle de toute la société polie du temps. Le premier, en effet, il trouva la forme définitive de la prose française, et il suffit de comparer son style et celui des auteurs qui l’ont suivi avec celui des derniers écrivains du seizième siècle, pour voir quelle grande place il tient dans l’histoire de notre langue et de notre littérature.
Malgré tout il faut avouer que la postérité n’a pas eu tort de mettre au second rang , bien loin après les lettres d’une Madame de Sévigné par exemple, ces Lettres que Guez de Balzac travaillait comme des morceaux d’éloquence, et dont le ton ne paraît pas toujours bien naturel. Cependant elles sont loin d’être vides de pensées, et un grand nombre d’entre elles forment une source importante à consulter pour l’histoire du temps.
Dans ses Lettres par exemple, on découvre sous un autre angle le différend entre Corneille et Georges de Scudéry (1601-1667), qui fut son ami avant d’être son rival, lui-même auteur de plusieurs tragédies et tragi-comédies. On y décrit également un personnage comme Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), conseiller au parlement d’Aix, illustre érudit français qui, s’intéressant également à l’histoire, à la philologie, à l’archéologie, à la géographie, à l’histoire naturelle, mit avec un dévouement inépuisable sa fortune et ses efforts au service de la science et des savants.
Outre ses Lettres, Balzac a laissé trois traités de morale mondaine, religieuse et politique, Aristippe, le Socrate chrétien, le Prince, dans lesquels il trouve souvent la juste expression de pensées élevées, à défaut d’être originales. Dans le Socrate chrétien, j’ai bien aimé l'évocation de l’empereur romain Tibère (successeur d’Auguste en 14), qui donne témoignage des tourments de cet empereur qui ne voulait pas l’être. Cela ne l’empêcha pas de gouverner longtemps avec clairvoyance et équité quoiqu’aient pu en dire Tacite et Suétone, ces derniers faisant de lui le bouc expiatoire de tous les vices de Rome à l’époque, mais qui finit sa vie frappé dans un enfer de malheurs et de trahison.
Michel Escatafal