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histoire de la prose française - Page 7

  • Bonaventure des Périers

    On ne connaît pas très précisément la vie de Bonaventure des Périers né, sans doute à Arnay-le- Duc près de Beaune, au tout début du 16è siècle. En revanche on est certain qu’il était secrétaire et valet de chambre de Marguerite, reine de Navarre et sœur de François 1er. Nous savons aussi qu’il s’est converti au protestantisme, et qu’il publia en 1537 quatre dialogues satiriques sous le titre de Cymbalum mundi en réaction aux nombreuses controverses religieuses de l’époque.

     

    Cette publication lui valut de multiples ennuis car, en plus de combattre le christianisme, elle le ridiculisait profondément. Il perdit ainsi  la protection dont il bénéficiait auprès de la reine de Navarre, cette dernière n’osant pas le soutenir malgré l’estime qu’elle lui portait en raison notamment de son art de conteur enjoué. Il mourut entre 1543 et 1544, probablement par un suicide.

     

    Son meilleur titre au souvenir de la postérité est un recueil de contes en prose plein de bonne humeur, qui ne fut publié que longtemps après sa mort (en 1558), sous le titre  de Nouvelles Récréations et Joyeux Devis, ce mot de devis signifiant propos ou conversations. Il importe de dire que quelques uns de ces contes ne sont certainement pas de des Périers, certains de ses adversaires ayant même contesté, mais sans aucune vraisemblance, que le recueil ait pu lui appartenir même partiellement. Nous avons encore de lui une traduction du Lysis de Platon, et on lui attribue une traduction en vers de l’Andrienne de Térence, qui parut en 1555.

     

    Michel Escatafal

  • Jacques Amyot (1513-1593)

    amyot.jpgMême s’il n’est pas très connu du grand public, Amyot mérite sa place parmi les hommes illustres de la littérature française. Cet écrivain né en 1513 a réussi à étudier à Paris, bien qu’il fût né dans une famille humble. Il a été d'une certaine manière un précurseur avant l’heure des étudiants finançant leurs études, en menant une vie à la fois très modeste et laborieuse. Il réussit tellement bien qu’il devint professeur à l’Université de Bourges. C’est là qu’il commença à traduire quelques ouvrages grecs.

    Peu avant sa mort en 1547, François 1er accorda à Amyot l’abbaye de Bellozane, près de Gournay en Normandie dans le diocèse de Rouen,  qui a aussi compté Ronsard parmi ses abbés. Plus tard sa grande culture lui vaudra d’être précepteur des enfants d’Henri II, notamment François II, Charles IX et Henri III qui furent chacun roi de France. Amyot sera aussi évêque d’Auxerre et grand aumônier de France avant sa mort en 1593, non sans avoir été inquiété par la Ligue catholique des Guise alors en guerre ouverte contre Henri III, jugé trop favorable aux protestants.

    La plus célèbre traduction d’Amyot est celle des Vies  des hommes illustres de Plutarque en 1559, et des petits traités du même auteur connus sous le nom d’Oeuvres morales en 1572.  Même s’il n’aura jamais la gloire qu’ont eu les écrivains originaux, il mérite quand même sa place dans l’histoire de la littérature, car ses traductions sont le plus souvent mêlées d’interprétations personnelles qui confèrent une originalité à l’œuvre traduite. Surtout sa traduction rendait populaire Plutarque, considéré comme le plus riche en anecdotes morales des écrivains de l’antiquité.

    Mais plus que tout,  Amyot a prouvé d’une manière décisive que la langue française était capable d’exprimer toutes les idées, au même titre que les langues anciennes. C’est pour cela que l’œuvre d’Amyot, même limitée, marque une date importante dans la prose française. Pour ma part je retiendrais de son œuvre quelques sentences qui demeurent valables aujourd’hui comme en son temps. Je n’en citerai qu’une, extraite des Vies des hommes illustres et tirée d’une tragédie de Sophocle, tellement d’actualité de nos jours sur le plan politique : « Qui en maison de prince entre, devient serf, quoiqu’il soit libre quand il y vient ».

    Michel Escatafal