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histoire de la poésie - Page 8

  • Le plus aventureux des membres de la Pléiade

    de Baïf.jpgFils du savant Lazare de Baïf, qui fut ambassadeur de François 1er à Venise, né lui-même dans cette ville en 1532, mort en 1589 à Paris, Jean-Antoine de Baïf qui suivit avec Ronsard les leçons de Daurat, d’abord chez son père puis au collège Coqueret, fut sinon le plus remarquable du moins le plus aventureux des membres de la Pléiade.

    Non content de s’inspirer de l’antiquité, il essaya d’introduire dans la poésie française la versification mesurée des Latins et des Grecs : il se proposait ainsi de restaurer l’union parfaite de la musique et de la poésie, et c’est dans le même dessein qu’il fonda chez lui, au faubourg Saint-Victor, une académie de musique et de poésie autorisée en 1570 par lettres patentes de Charles IX.

    Ses œuvres renferment cinq recueils principaux : les Poèmes, les Amours, les Jeux (comprenant la traduction d’une comédie de Térence, d’une comédie de Plaute et de l’Antigone de Sophocle), les Passe-Temps, enfin les Mimes, sorte de poèmes moraux en sizains. Il faut y ajouter, les Etrènes de poézie fransoèze (1573), écrites suivant les règles de l’orthographe  que Baïf voulait faire adopter, avec une transcription phonétique de la langue parlée.

    On n’oublie pas non plus des œuvres restées inédites :  traductions des Psaumes en vers rimés et en vers  mesurés que l’on a appelés plus tard « vers baïfins » , Chansonnettes en vers mesurés également  même si parfois  le poète a tenu compte du nombre de syllabes ce qui en fait en quelque sorte des vers blancs, et des traductions qu’on n’a pas retrouvées de la Médée d’Euripide, des Trachiniennes de Sophocle, du Plutus d’Aristophane et de L’Héautontimorumenos (le Bourreau de soi-même) de Térence.

    Michel Escatafal

  • Ronsard, l'art savant

    ronsard.jpgNé en 1524 au château de la Poissonnière, près de Vendôme, Pierre de Ronsard est peut-être devenu un de nos plus grands poètes en raison d’une  surdité précoce, survenue à l’âge de 18 ans. En tout cas après avoir suivi pendant une courte période une carrière diplomatique, il résolut très tôt de se consacrer aux lettres et à la poésie, peut-être parce que dans ce domaine son handicap ne l’était plus. Ainsi, après avoir suivi les leçons de l’humaniste Daurat, directeur du collège Coqueret, où comme je l’ai dit dans ma précédente note il se retrouva avec Baïf, Rémi Belleau et Joachim du Bellay pour, tous ensemble et également épris d’un amour des œuvres de l’antiquité, tenter de renouveler la poésie française.

    Cela étant, par l’étendue et la variété de son œuvre, Ronsard mérite d’être considéré comme le plus grand représentant de cette école. D’ailleurs, après avoir conquis très tôt la notoriété, sa gloire ne fit que croître jusqu’à sa mort en 1585 au point que les reines et roi, Catherine de Médicis, Charles IX, Elisabeth, Marie Stuart, lui donnèrent des marques de leur bienveillance. Cependant, l’art savant de Ronsard ne trouva pas grâce aux yeux de Malherbe, soucieux avant tout de naturel et de simplicité. Cela valut à Ronsard deux siècles d’oubli,  avant d’être réhabilité au 19è siècle par l’école romantique.

    Depuis la gloire de Ronsard s’est encore accrue, au point de retrouver la plus grande partie de l’engouement qu’avait suscité son œuvre auprès de ses contemporains. Certes ses louanges aux divinités païennes qui remplissent ses odes pindariques laissent facilement indifférents, tout comme les aventures de Francus, fils d’Hector, que le poète se proposait de chanter dans la Franciade…et qu’il arrêta très vite s’apercevant qu’il faisait fausse route, mais cela n’empêcha pas les critiques d’être séduits par la souplesse des rythmes et la riche harmonie des mots et des périodes.

    A coté de cela, certaines parties de ses Hymnes et de ses Discours sont d’une abondance épique ou oratoire vraiment entraînante. Mais plus que tout, rien ne saurait surpasser la grâce de quelques odes légères, de quelques élégies, de quelques sonnets, qui sont demeurés ses pièces les plus célèbres. Nul n’a oublié et n’oubliera jamais les odes à Cassandre, comme Cassandre Salviati, dame de Pré, à qui le poète dédia encore un recueil d’Amours, ou les Amours de Marie, comme Marie Dupin, de Bourgueil, jeune fille dont on ne saura jamais si elle était d’humble naissance ou si au contraire elle cachait une personne beaucoup plus haut placée, sans oublier le fameux sonnet à Hélène, du prénom de Madame de Surgères, demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis , reine de France grâce à son mariage avec Henri II.

    Michel Escatafal

  • du Bellay ou la réforme poétique

    du bellay.jpgAppartenant à une des plus illustres familles du royaume, Joachim du Bellay naquit à Liré dans l’Anjou (aujourd’hui dans le département de Maine-et-Loire) en 1522 et mourut à Paris en 1560, après avoir vécu en Italie (1553-1557) auprès du cardinal Jean du Bellay. Joachim du Bellay est évidemment associé à la Pléiade,  nom qui  fut donné au 3è siècle avant notre ère à une réunion de sept poètes tragiques d’Alexandrie, par allusion à la constellation ainsi appelée. Parmi eux  Lycophron, l’auteur de l’étrange poème d’Alexandra, qui fut repris au 16è siècle en France par la société formée de l’humaniste Daurat (mort en 1588), de ses élèves Ronsard, Baïf, du Bellay, Rémi Belleau, de Jodelle et de Pontus de Thyard (1521-1605), évêque de Chalon-sur-Saône.

    Du Bellay et son ami Ronsard  entreprirent de concert avec les autres poètes de la Pléiade l’œuvre de la réforme poétique. A ce propos, du Bellay joua le rôle de précurseur  puisqu’il publia dès 1549 un premier recueil de poésies, l’Olive, et son très célèbre livre la Défense et Illustration de la langue françoyse, qui fut le manifeste de l’école nouvelle. Dans cet ouvrage dont Ronsard fut certainement le collaborateur, du Bellay cherchait à prouver que l’infériorité de la littérature française par rapport aux littératures antiques, était due uniquement à la faiblesse des écrivains qui s’en étaient servis, et non au défaut de notre langue. Pour enrichir et illustrer notre langue, il suffisait d’emprunter aux anciens leurs mots, leurs tours, leurs idées et leurs genres.

    Ce mouvement de retour de l’Antiquité devait être éminemment profitable au développement de notre littérature, en raison de son caractère réglé et modéré. Le séjour de du Bellay à Rome lui inspira ses deux plus beaux recueils de sonnets, les Antiquités de Rome et les Regrets, remplis de force et de mélancolie. Mais il a aussi laissé, outre ses Jeux Rustiques, des pièces diverses, lyriques, élégiaques  et satiriques, dont la forme et le sentiment sont souvent intéressants. En outre certaines de ces pièces  appartiennent au groupe de ces poésies d’inspiration, à la fois érudite et  païenne, qui ne se rapportent en rien aux habitudes et aux sentiments modernes.

    Michel Escatafal