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histoire littéraire

  • Madame Desbordes-Valmore, la « grande sœur des romantiques »

    Desbordes-Valmore, littérature, histoire littéraireNée à Douai le 20 juin 1786 d’un père qui était peintre d’armoiries, Madame Desbordes-Valmore mourut à Paris le 23 juillet 1859, où elle s’est établie définitivement en 1840, grâce à l’aide de Madame Récamier. Cette dernière, en effet, lui avait fait obtenir une pension de mille cinq cent francs du Ministère de la Maison du Roi, ce qui lui permettra de se dévouer entièrement à l’écriture, après avoir chanté sur le théâtre de l’Opéra comique. Marceline Desbordes, qui épousa le comédien Prosper Lanchantin dit Valmore, eut une vie traversée  par des chagrins de plus d’une sorte (mère décédée à l’âge de seize ans, séparation douloureuse avec un amant, perte d’un jeune enfant et mort prématuréee de sa meilleure amie), au point qu’elle fut appelée « Notre-Dame-des-Pleurs ». Elle a laissé, sans parler de quelques œuvres en prose, plusieurs recueils de poésie, Elégies et romances (1818), Elégies et poésies nouvelles (1824), Pleurs (1835), Pauvres Fleurs (1839), Bouquets et prières (1843).

    Une langue un peu molle, le défaut de précision, la prolixité gâtent souvent les vers de Madame Desbordes-Valmore. Mais ses pièces les plus célèbres sont d’une grâce délicate et touchante. Dans d’autres passages, la passion lui inspire des vers remarquables par l’élévation de la pensée en même temps que par la pureté de la forme. C'est le cas dans les Poésies posthumes, plus particulièrement le passage sur les Roses de Saadi, du nom d’un poète persan du treizième siècle qui a écrit Gulistan, ou le Parterre des roses dont elle s’est inspirée. Dans ce recueil, Marceline Desbordes-Valmore a fait la preuve qu’elle était une excellente et même une grande poétesse. Et s’il fallait en avoir quelques preuves supplémentaires, il suffit de rappeler que Baudelaire l’a appelée « la grande sœur des romantiques », affirmant en outre que Madame Desbordes-Valmore « fut à un degré extraordinaire l’expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme ». De son côté, Verlaine déclarait qu’elle « est tout bonnement la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles ». Tout est dit, semble-t-il, dans ces compliments.

    Michel Escatafal

  • Ronsard, l'art savant

    ronsard.jpgNé en 1524 au château de la Poissonnière, près de Vendôme, Pierre de Ronsard est peut-être devenu un de nos plus grands poètes en raison d’une  surdité précoce, survenue à l’âge de 18 ans. En tout cas après avoir suivi pendant une courte période une carrière diplomatique, il résolut très tôt de se consacrer aux lettres et à la poésie, peut-être parce que dans ce domaine son handicap ne l’était plus. Ainsi, après avoir suivi les leçons de l’humaniste Daurat, directeur du collège Coqueret, où comme je l’ai dit dans ma précédente note il se retrouva avec Baïf, Rémi Belleau et Joachim du Bellay pour, tous ensemble et également épris d’un amour des œuvres de l’antiquité, tenter de renouveler la poésie française.

    Cela étant, par l’étendue et la variété de son œuvre, Ronsard mérite d’être considéré comme le plus grand représentant de cette école. D’ailleurs, après avoir conquis très tôt la notoriété, sa gloire ne fit que croître jusqu’à sa mort en 1585 au point que les reines et roi, Catherine de Médicis, Charles IX, Elisabeth, Marie Stuart, lui donnèrent des marques de leur bienveillance. Cependant, l’art savant de Ronsard ne trouva pas grâce aux yeux de Malherbe, soucieux avant tout de naturel et de simplicité. Cela valut à Ronsard deux siècles d’oubli,  avant d’être réhabilité au 19è siècle par l’école romantique.

    Depuis la gloire de Ronsard s’est encore accrue, au point de retrouver la plus grande partie de l’engouement qu’avait suscité son œuvre auprès de ses contemporains. Certes ses louanges aux divinités païennes qui remplissent ses odes pindariques laissent facilement indifférents, tout comme les aventures de Francus, fils d’Hector, que le poète se proposait de chanter dans la Franciade…et qu’il arrêta très vite s’apercevant qu’il faisait fausse route, mais cela n’empêcha pas les critiques d’être séduits par la souplesse des rythmes et la riche harmonie des mots et des périodes.

    A coté de cela, certaines parties de ses Hymnes et de ses Discours sont d’une abondance épique ou oratoire vraiment entraînante. Mais plus que tout, rien ne saurait surpasser la grâce de quelques odes légères, de quelques élégies, de quelques sonnets, qui sont demeurés ses pièces les plus célèbres. Nul n’a oublié et n’oubliera jamais les odes à Cassandre, comme Cassandre Salviati, dame de Pré, à qui le poète dédia encore un recueil d’Amours, ou les Amours de Marie, comme Marie Dupin, de Bourgueil, jeune fille dont on ne saura jamais si elle était d’humble naissance ou si au contraire elle cachait une personne beaucoup plus haut placée, sans oublier le fameux sonnet à Hélène, du prénom de Madame de Surgères, demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis , reine de France grâce à son mariage avec Henri II.

    Michel Escatafal