Appartenant à une des plus illustres familles du royaume, Joachim du Bellay naquit à Liré dans l’Anjou (aujourd’hui dans le département de Maine-et-Loire) en 1522 et mourut à Paris en 1560, après avoir vécu en Italie (1553-1557) auprès du cardinal Jean du Bellay. Joachim du Bellay est évidemment associé à la Pléiade, nom qui fut donné au 3è siècle avant notre ère à une réunion de sept poètes tragiques d’Alexandrie, par allusion à la constellation ainsi appelée. Parmi eux Lycophron, l’auteur de l’étrange poème d’Alexandra, qui fut repris au 16è siècle en France par la société formée de l’humaniste Daurat (mort en 1588), de ses élèves Ronsard, Baïf, du Bellay, Rémi Belleau, de Jodelle et de Pontus de Thyard (1521-1605), évêque de Chalon-sur-Saône.
Du Bellay et son ami Ronsard entreprirent de concert avec les autres poètes de la Pléiade l’œuvre de la réforme poétique. A ce propos, du Bellay joua le rôle de précurseur puisqu’il publia dès 1549 un premier recueil de poésies, l’Olive, et son très célèbre livre la Défense et Illustration de la langue françoyse, qui fut le manifeste de l’école nouvelle. Dans cet ouvrage dont Ronsard fut certainement le collaborateur, du Bellay cherchait à prouver que l’infériorité de la littérature française par rapport aux littératures antiques, était due uniquement à la faiblesse des écrivains qui s’en étaient servis, et non au défaut de notre langue. Pour enrichir et illustrer notre langue, il suffisait d’emprunter aux anciens leurs mots, leurs tours, leurs idées et leurs genres.
Ce mouvement de retour de l’Antiquité devait être éminemment profitable au développement de notre littérature, en raison de son caractère réglé et modéré. Le séjour de du Bellay à Rome lui inspira ses deux plus beaux recueils de sonnets, les Antiquités de Rome et les Regrets, remplis de force et de mélancolie. Mais il a aussi laissé, outre ses Jeux Rustiques, des pièces diverses, lyriques, élégiaques et satiriques, dont la forme et le sentiment sont souvent intéressants. En outre certaines de ces pièces appartiennent au groupe de ces poésies d’inspiration, à la fois érudite et païenne, qui ne se rapportent en rien aux habitudes et aux sentiments modernes.
Michel Escatafal