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  • Jacques Amyot (1513-1593)

    amyot.jpgMême s’il n’est pas très connu du grand public, Amyot mérite sa place parmi les hommes illustres de la littérature française. Cet écrivain né en 1513 a réussi à étudier à Paris, bien qu’il fût né dans une famille humble. Il a été d'une certaine manière un précurseur avant l’heure des étudiants finançant leurs études, en menant une vie à la fois très modeste et laborieuse. Il réussit tellement bien qu’il devint professeur à l’Université de Bourges. C’est là qu’il commença à traduire quelques ouvrages grecs.

    Peu avant sa mort en 1547, François 1er accorda à Amyot l’abbaye de Bellozane, près de Gournay en Normandie dans le diocèse de Rouen,  qui a aussi compté Ronsard parmi ses abbés. Plus tard sa grande culture lui vaudra d’être précepteur des enfants d’Henri II, notamment François II, Charles IX et Henri III qui furent chacun roi de France. Amyot sera aussi évêque d’Auxerre et grand aumônier de France avant sa mort en 1593, non sans avoir été inquiété par la Ligue catholique des Guise alors en guerre ouverte contre Henri III, jugé trop favorable aux protestants.

    La plus célèbre traduction d’Amyot est celle des Vies  des hommes illustres de Plutarque en 1559, et des petits traités du même auteur connus sous le nom d’Oeuvres morales en 1572.  Même s’il n’aura jamais la gloire qu’ont eu les écrivains originaux, il mérite quand même sa place dans l’histoire de la littérature, car ses traductions sont le plus souvent mêlées d’interprétations personnelles qui confèrent une originalité à l’œuvre traduite. Surtout sa traduction rendait populaire Plutarque, considéré comme le plus riche en anecdotes morales des écrivains de l’antiquité.

    Mais plus que tout,  Amyot a prouvé d’une manière décisive que la langue française était capable d’exprimer toutes les idées, au même titre que les langues anciennes. C’est pour cela que l’œuvre d’Amyot, même limitée, marque une date importante dans la prose française. Pour ma part je retiendrais de son œuvre quelques sentences qui demeurent valables aujourd’hui comme en son temps. Je n’en citerai qu’une, extraite des Vies des hommes illustres et tirée d’une tragédie de Sophocle, tellement d’actualité de nos jours sur le plan politique : « Qui en maison de prince entre, devient serf, quoiqu’il soit libre quand il y vient ».

    Michel Escatafal

  • Calvin (1509-1564)

    calvin.jpgParmi les auteurs qui ont marqué le 16è siècle, il en est un qui va laisser des traces profondes à la fois dans l’histoire, mais aussi dans la littérature. Il s’agit de Jean Cauvin, plus connu sous le nom de Calvin qui lui venait de la traduction latine de son nom Calvinus. Il est né à Noyon en 1509, et bien que bénéficiant très jeune d’une cure, il n’entra point pour cela dans les ordres. En revanche il se laissa gagner très tôt par les idées de réforme religieuse qui commençaient à circuler dans le pays.

    Ayant été contraint de quitter la France en 1534, il se rend à Bâle où il publiera deux ans plus tard son grand ouvrage écrit en latin, l’Institution de la religion chrétienne. Ensuite, il séjournera en Italie, puis reviendra à Bâle avant de partir pour Genève où il sera banni en 1538. Ce bannissement sera de courte durée puisqu’il reviendra à Genève en 1540, où il va organiser une théocratie austère et tyrannique.

    Là, il va remanier à de nombreuses reprises la première version de l’Institution de la religion chrétienne, qu’il fera traduire en français en 1541, et dont il va donner la version définitive en latin et en français en 1559 et 1560. A noter que dans l’édition de 1541, Calvin s’adresse au roi François 1er en employant partout la deuxième personne du singulier et non celle du pluriel.

    Ce sera le premier grand ouvrage en français sur un sujet où sont exprimés « de hautes idées », pour parler comme on le faisait à l’époque. Plus que le contenu religieux,  ce qui compte dans cet ouvrage sur le plan littéraire c’est d’abord son intérêt pour l’histoire de la langue et de la littérature française. Avant sa mort en 1564, Calvin laissera un grand nombre d’opuscules théologiques, des Lettres et des Sermons.

    Michel Escatafal

  • Une période à la fois courte et intense (1660-1715)

    Cette période est marquée par le véritable règne de Louis XIV, c’est-à-dire celui où il exerça un gouvernement personnel. C’est aussi la vraie période classique de notre histoire littéraire, représentée par des auteurs qui ne vont pas cesser de produire des chefs d’œuvre et à qui chacun reconnaît un certain génie. Trois poètes la représentent surtout, Boileau (1636-1711), Molière (1622-1673) et Racine (1639-1699), tous trois ennemis du romanesque, du burlesque et de tout ce qui semble contraire à la nature et à la vérité.  Racine dans ses tragédies  comme Molière dans ses comédies peignent les hommes tels qu’ils sont. Quant à Boileau qui les a beaucoup soutenus de ses encouragements et de ses conseils, il proclame le triomphe de l’école nouvelle dans son Art Poétique (1674).

    Avec davantage d’indépendance et des mérites poétiques originaux, La Fontaine (1621-1695) montre dans ses Fables le même amour du naturel. D’autres auteurs dans un genre différent font aussi partie des personnages les plus brillants d’une époque où la vie politique avait été gravement troublée quelques années auparavant par la Fronde (1648-1652), mais où les choses de l’esprit restaient au centre des préoccupations. Cela a permis de mettre à la mode les maximes et les portraits qui ont valu à leurs auteurs de figurer aussi parmi nos plus grands écrivains.

    On peut citer notamment La Rochefoucauld (1613-1680), de Retz (1613-1679), Madame de Sévigné ((1626-1696), Madame de La Fayette (1634-1693), sans oublier Madame de Montpensier (1627-1693).  Cependant de l’avis de tous, le plus grand prosateur du siècle est Bossuet (1627-1604), dont la vie domine l’histoire de l’Eglise de France à cette époque, et qui lui donne une place à part dans l’histoire de la littérature française. Comme orateur religieux il est au dessus de tous, et seul Bourdaloue (1632-1704) mérite la citation après lui.

    Un peu plus tard, vers la fin du siècle, La Bruyère (1645-1695) dans Les Caractères (1688)fait souffler encore un esprit nouveau contre les vices des grands,  et contre l’obscénité des gens de finances qui commencent à tenir une place de plus en plus importante dans la société. Tout cela accompagne des transformations morales et sociales qui vont s’amplifier avec le temps. En revanche les auteurs de l’époque ont du mal à soutenir la comparaison avec leurs prédécesseurs.  Regnard (1655-1709) dans ses comédies  s’efforce surtout  d’être amusant et Lesage (1668-1674) se contente de railler les ridicules de son temps. Dans le genre tragique personne ne se détache, pas même  Thomas Corneille (1625-1709) qui suit docilement dans ses pièces les fluctuations du goût contemporain.

    La fin du règne de Louis XIV devenant de plus en plus difficile, l’opposition à la politique du roi se fait de plus en plus jour, surtout après la révocation de l’Edit de Nantes (1685). Les Jansénistes donnent l’exemple de la résistance,  et nombreux sont ceux qui vont s’élever contre la dévotion imposée à la cour par Madame de Maintenon (1635-1719) qui, à cette époque, a  fondé Saint-Cyr et multiplié les écrits pour cette maison célèbre.

    Notons enfin que cette fin de règne fut marquée par les tentatives de quelques esprits d’élite désireux de tracer les grandes lignes de certaines réformes,  avec moins de pouvoirs pour le roi.  Parmi eux Vauban (1633-1707) va publier sa Dîme Royale, et Fénelon (1651-1715) déjà compromis par les querelles du quiétisme, va émettre des opinions littéraires intéressantes et téméraires dans sa Lettre à l’Académie. Cela étant, même si personne n’ose encore remettre en question le principe du gouvernement monarchique, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir une évolution vers moins de contrainte et d’autorité despotique.

    Michel Escatafal

  • Après la Pléiade et avant la période classique

    catherine de vivonne.jpgAprès la période de la Pléiade qui a finalement laissé moins de traces qu’on ne l’imagine, au point de voir les poètes de cette époque disparaître pour longtemps, la relève a été prise par Malherbe (1555-1628) qui a été le premier à faire prévaloir ce qui est réellement français et intelligible pour le plus grand nombre de l’époque. Quelques règles furent donc décidées, dictées par un sentiment de simplicité, de clarté et d’harmonie, par opposition avec la Pléiade où la versification se faisait encore parmi tant de mots formés et composés suivant la méthode des Latins et des Grecs.

    Malherbe a donc été celui qui a été le véritable promoteur de la poésie française moderne. Cela ne signifie pas pour autant que son génie fut supérieur à celui des poètes qui l’ont précédé,  mais tous les autres poètes de la première moitié du 17è siècle se sont inspirés des principes de Malherbe. Au reste dans le droit fil de cette évolution, le monde lettré de cette époque s’emploie à perfectionner et à constituer définitivement notre langue.  L’hôtel de Rambouillet, célèbre salon littéraire de la première moitié du 17é siècle, s’ouvre aux écrivains et auteurs célèbres.

    Tous s’y rencontrent et notamment  Vaugelas (1585-1650), Benserade (1613-1681), Voiture (1598-1648), Sorel (1602-1674)connu pour ses romans satiriques où l'esprit des bourgeois proteste contre les raffinements des précieux, mais aussi le prince de Marsillac, devenu plus tard duc de la Rochefoucauld, le célèbre auteur des Maximes. Les femmes distinguées sont également très présentes, et parmi elles la célèbre Mademoiselle de Scudéry (1607-1701), la marquise Catherine (1588-1665) créatrice du salon, tenant avec ses filles le sceptre de la conversation.

    Le pouvoir politique n’est pas absent puisque Richelieu prend sous sa haute protection une autre compagnie qui va s'appeler l’Académie française, et va devenir la règle vivante et l’arbitre souverain du bon usage et du bon goût (1635). Presque au même moment Descartes (1596-1650) publie son Discours de la méthode (1637) qui va renouveler la philosophie. Malebranche (1638-1715) se rattachera à lui tout comme d’autres philosophes moins connus.

    La tragédie de son coté est devenue plus dramatique et plus intéressante, grâce surtout à Alexandre Hardy (1570-1632). L’influence de l’Italie et de l’Espagne se font sentir, avec parfois des sujets héroïques qui prêtent aux traits brillants et aux développements oratoires. Corneille dans le Cid en 1636, puis dans ses plus grands chefs d’œuvre, fait entendre pour la première fois le langage naturel de la passion.

    De son côté la comédie se complaît dans des intrigues compliquées et les plaisanteries souvent grossières. Rares furent les auteurs de comédie de l’époque qui passèrent le cap de la postérité, mis à part Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676), de Scarron (1610-1660) et Savinien Cyrano de Bergerac connu pour sa pièce le Pédant joué (1654), mais dont le nom est célèbre… par la grâce d’un personnage d’Edmond Rostand qui porte son nom. En fait dans ce registre, seul Corneille réussit à amuser ce que l’on appelait « les honnêtes gens » sans qu’il n’en coûte rien à la morale et au bon goût de ce temps.  Sa pièce principale comme auteur de comédie sera le Menteur (1644).

    Enfin à cette époque, ce sont les discussions théologiques sur la grâce et les querelles de la Sorbonne et des Jansénistes qui vont commencer à émouvoir l’opinion publique.  Les écrits d’Arnauld (1612-1694), infatigable controversiste, de Nicole (1625-1695) avec ses Essais sur la Morale, ouvrirent la voie au génie de Pascal qui s’est d’abord illustré comme savant, mais qui laissera en mourant sa célèbre Apologie de la religion, au demeurant non achevée, dont Port-Royal publiera les fragments sous le nom de Pensées. Pascal recevra plus tard l’hommage des plus grands écrivains, dont Voltaire, qui écrira à propos des Lettres Provinciales : « Toutes les sortes d’éloquence y sont renfermées ». Désormais la langue française n’a plus de progrès à faire, et on va entrer de plain pied dans la période vraiment classique de notre histoire littéraire.

    Michel Escatafal

  • Les mémoires de Monluc

    monluc.jpgDans la littérature il est assez rare de trouver des militaires parmi nos plus grands écrivains. Et pourtant il y en a au moins un qui figure en tête de liste, Blaise Monluc. Ce dernier en effet prit part à toutes les guerres de François 1er et d’Henri II, notamment en Italie d'où il ramena la rapière, arme redoutable rendue célèbre plus tard par les Mousquetaires. Il fut aussi chargé du gouvernement de la Guyenne où il est né en 1502. Dans ces fonctions il s’avéra un terrible combattant pour les protestants avec lesquels il fit preuve d’une implacable cruauté.

    Sa vocation d’écrivain s’avéra tardive puisqu’elle résulta d’une blessure subie au siège de Rabastens en 1570, qui l’obligea à se retirer chez lui. Il en profita pour écrire le récit de sa vie, ne serait-ce que pour répondre aux accusations dont son administration fit l’objet. Cependant, malgré sa blessure et son âge avancé, il fut appelé au siège de la Rochelle en 1573 et fut nommé peu après (en 1575) maréchal de France.  Il mourut en 1577.

    Soldat lettré bien qu’il s’efforça toute sa vie de n’en rien laisser paraître, il a intitulé ses mémoires Commentaires,  comme un autre grand soldat…Jules César. Il n’avait pas peur des comparaisons. Cela étant  ses Commentaires, divisées en sept livres, sont une œuvre d’une extraordinaire précision et rien n’est plus vivant que ces récits de sièges et de bataille dans lesquels il ne cessa de donner l’exemple.

    En outre, les épouvantables tableaux qu’il brosse de ces combats donnent une idée encore plus nauséabonde de la guerre civile et de l’intolérance qui l’a déchaînée.  Malgré tout  les lecteurs du 21è siècle que nous sommes, n’hésiteront pas à reprocher à Monluc de sembler se complaire à l’évocation des purges qu’il inflige aux rebelles du royaume, où à tout le moins d’y faire preuve d’une tranquille indifférence.

    Michel Escatafal