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Une période à la fois courte et intense (1660-1715)

Cette période est marquée par le véritable règne de Louis XIV, c’est-à-dire celui où il exerça un gouvernement personnel. C’est aussi la vraie période classique de notre histoire littéraire, représentée par des auteurs qui ne vont pas cesser de produire des chefs d’œuvre et à qui chacun reconnaît un certain génie. Trois poètes la représentent surtout, Boileau (1636-1711), Molière (1622-1673) et Racine (1639-1699), tous trois ennemis du romanesque, du burlesque et de tout ce qui semble contraire à la nature et à la vérité.  Racine dans ses tragédies  comme Molière dans ses comédies peignent les hommes tels qu’ils sont. Quant à Boileau qui les a beaucoup soutenus de ses encouragements et de ses conseils, il proclame le triomphe de l’école nouvelle dans son Art Poétique (1674).

Avec davantage d’indépendance et des mérites poétiques originaux, La Fontaine (1621-1695) montre dans ses Fables le même amour du naturel. D’autres auteurs dans un genre différent font aussi partie des personnages les plus brillants d’une époque où la vie politique avait été gravement troublée quelques années auparavant par la Fronde (1648-1652), mais où les choses de l’esprit restaient au centre des préoccupations. Cela a permis de mettre à la mode les maximes et les portraits qui ont valu à leurs auteurs de figurer aussi parmi nos plus grands écrivains.

On peut citer notamment La Rochefoucauld (1613-1680), de Retz (1613-1679), Madame de Sévigné ((1626-1696), Madame de La Fayette (1634-1693), sans oublier Madame de Montpensier (1627-1693).  Cependant de l’avis de tous, le plus grand prosateur du siècle est Bossuet (1627-1604), dont la vie domine l’histoire de l’Eglise de France à cette époque, et qui lui donne une place à part dans l’histoire de la littérature française. Comme orateur religieux il est au dessus de tous, et seul Bourdaloue (1632-1704) mérite la citation après lui.

Un peu plus tard, vers la fin du siècle, La Bruyère (1645-1695) dans Les Caractères (1688)fait souffler encore un esprit nouveau contre les vices des grands,  et contre l’obscénité des gens de finances qui commencent à tenir une place de plus en plus importante dans la société. Tout cela accompagne des transformations morales et sociales qui vont s’amplifier avec le temps. En revanche les auteurs de l’époque ont du mal à soutenir la comparaison avec leurs prédécesseurs.  Regnard (1655-1709) dans ses comédies  s’efforce surtout  d’être amusant et Lesage (1668-1674) se contente de railler les ridicules de son temps. Dans le genre tragique personne ne se détache, pas même  Thomas Corneille (1625-1709) qui suit docilement dans ses pièces les fluctuations du goût contemporain.

La fin du règne de Louis XIV devenant de plus en plus difficile, l’opposition à la politique du roi se fait de plus en plus jour, surtout après la révocation de l’Edit de Nantes (1685). Les Jansénistes donnent l’exemple de la résistance,  et nombreux sont ceux qui vont s’élever contre la dévotion imposée à la cour par Madame de Maintenon (1635-1719) qui, à cette époque, a  fondé Saint-Cyr et multiplié les écrits pour cette maison célèbre.

Notons enfin que cette fin de règne fut marquée par les tentatives de quelques esprits d’élite désireux de tracer les grandes lignes de certaines réformes,  avec moins de pouvoirs pour le roi.  Parmi eux Vauban (1633-1707) va publier sa Dîme Royale, et Fénelon (1651-1715) déjà compromis par les querelles du quiétisme, va émettre des opinions littéraires intéressantes et téméraires dans sa Lettre à l’Académie. Cela étant, même si personne n’ose encore remettre en question le principe du gouvernement monarchique, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir une évolution vers moins de contrainte et d’autorité despotique.

Michel Escatafal

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