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Après la Pléiade et avant la période classique

catherine de vivonne.jpgAprès la période de la Pléiade qui a finalement laissé moins de traces qu’on ne l’imagine, au point de voir les poètes de cette époque disparaître pour longtemps, la relève a été prise par Malherbe (1555-1628) qui a été le premier à faire prévaloir ce qui est réellement français et intelligible pour le plus grand nombre de l’époque. Quelques règles furent donc décidées, dictées par un sentiment de simplicité, de clarté et d’harmonie, par opposition avec la Pléiade où la versification se faisait encore parmi tant de mots formés et composés suivant la méthode des Latins et des Grecs.

Malherbe a donc été celui qui a été le véritable promoteur de la poésie française moderne. Cela ne signifie pas pour autant que son génie fut supérieur à celui des poètes qui l’ont précédé,  mais tous les autres poètes de la première moitié du 17è siècle se sont inspirés des principes de Malherbe. Au reste dans le droit fil de cette évolution, le monde lettré de cette époque s’emploie à perfectionner et à constituer définitivement notre langue.  L’hôtel de Rambouillet, célèbre salon littéraire de la première moitié du 17é siècle, s’ouvre aux écrivains et auteurs célèbres.

Tous s’y rencontrent et notamment  Vaugelas (1585-1650), Benserade (1613-1681), Voiture (1598-1648), Sorel (1602-1674)connu pour ses romans satiriques où l'esprit des bourgeois proteste contre les raffinements des précieux, mais aussi le prince de Marsillac, devenu plus tard duc de la Rochefoucauld, le célèbre auteur des Maximes. Les femmes distinguées sont également très présentes, et parmi elles la célèbre Mademoiselle de Scudéry (1607-1701), la marquise Catherine (1588-1665) créatrice du salon, tenant avec ses filles le sceptre de la conversation.

Le pouvoir politique n’est pas absent puisque Richelieu prend sous sa haute protection une autre compagnie qui va s'appeler l’Académie française, et va devenir la règle vivante et l’arbitre souverain du bon usage et du bon goût (1635). Presque au même moment Descartes (1596-1650) publie son Discours de la méthode (1637) qui va renouveler la philosophie. Malebranche (1638-1715) se rattachera à lui tout comme d’autres philosophes moins connus.

La tragédie de son coté est devenue plus dramatique et plus intéressante, grâce surtout à Alexandre Hardy (1570-1632). L’influence de l’Italie et de l’Espagne se font sentir, avec parfois des sujets héroïques qui prêtent aux traits brillants et aux développements oratoires. Corneille dans le Cid en 1636, puis dans ses plus grands chefs d’œuvre, fait entendre pour la première fois le langage naturel de la passion.

De son côté la comédie se complaît dans des intrigues compliquées et les plaisanteries souvent grossières. Rares furent les auteurs de comédie de l’époque qui passèrent le cap de la postérité, mis à part Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676), de Scarron (1610-1660) et Savinien Cyrano de Bergerac connu pour sa pièce le Pédant joué (1654), mais dont le nom est célèbre… par la grâce d’un personnage d’Edmond Rostand qui porte son nom. En fait dans ce registre, seul Corneille réussit à amuser ce que l’on appelait « les honnêtes gens » sans qu’il n’en coûte rien à la morale et au bon goût de ce temps.  Sa pièce principale comme auteur de comédie sera le Menteur (1644).

Enfin à cette époque, ce sont les discussions théologiques sur la grâce et les querelles de la Sorbonne et des Jansénistes qui vont commencer à émouvoir l’opinion publique.  Les écrits d’Arnauld (1612-1694), infatigable controversiste, de Nicole (1625-1695) avec ses Essais sur la Morale, ouvrirent la voie au génie de Pascal qui s’est d’abord illustré comme savant, mais qui laissera en mourant sa célèbre Apologie de la religion, au demeurant non achevée, dont Port-Royal publiera les fragments sous le nom de Pensées. Pascal recevra plus tard l’hommage des plus grands écrivains, dont Voltaire, qui écrira à propos des Lettres Provinciales : « Toutes les sortes d’éloquence y sont renfermées ». Désormais la langue française n’a plus de progrès à faire, et on va entrer de plain pied dans la période vraiment classique de notre histoire littéraire.

Michel Escatafal

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