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madame de staël

  • Chateaubriand, le peintre de la civilisation chrétienne à son époque

     

    chateaubriand, madame de Staël, littérature et histoireNé à Saint-Malo le 4 septembre 1768, mort à Paris le 4 juillet 1848, François–Auguste de Chateaubriand, passionné d’histoire politique, aura connu dans sa vie trois révolutions (1789, 27, 28 et 29 juillet 1830 et 22 au 25 février 1848), et, peut-être ou à cause de cela, allait devenir un auteur prolifique en œuvres de genres divers. En effet, après avoir publié un petit nombre de poésies plutôt médiocres, il alla passer quelques mois en Amérique (1791), puis revint en France pour émigrer presque aussitôt. Etabli en Angleterre, il y donna un Essai sur les Révolutions (1797), qui n’attira point alors l’attention du public. C’est en 1800 que, rentré à Paris, il publia dans le Mercure une lettre sur le livre de Madame de Staël, De la Littérature, qui le fit tout d’un coup connaître comme un brillant apologiste de la religion. La publication du petit roman d’Atala (1801) le rendit célèbre, et celle du Génie du Christianisme (1802) mit le sceau à sa réputation.

    Cela dit, la nouveauté d’un style dont la poétique magnificence, l’éclat, le coloris n’allaient pas sans quelque mélange d’insupportable déclamation, et la hardiesse provocante des attaques de Chateaubriand contre les théories philosophiques du dix-huitième siècle, avaient suscité de vives et nombreuses critiques. Elles devinrent plus acerbes encore lorsque, après René,  nouvelle inspirée jusqu’à un certain point du Werther de Goethe, insérée d’abord dans le Génie du Christianisme, puis publiée à part (1807), Chateaubriand donna son œuvre la plus achevée, l’épopée en prose les Martyrs. Toutefois les connaisseurs et le public tout entier ne tardèrent pas à admirer cette vivante peinture de la civilisation chrétienne encore naissante et du monde païen en décadence, ces tableaux variés, tour à tour énergiques et touchants, mais tous si vrais, dans la précision de leurs détails, qu’ils devaient servir de modèles aux historiens à venir, ces caractères généreux et charmants, Eudore, Cymodocée, Démodocus, cette composition nette et habilement ménagée, cette prose enfin dans l’harmonieuse unité de laquelle viennent se fondre, avec toutes les hardiesses éclatantes de la poésie moderne, toutes les grâces de la muse homérique.

    L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) contient l’intéressant récit du voyage de Chateaubriand à travers tous les pays qui sont décrits dans les Martyrs. Après la chute de l’Empire, qu’il avait toujours combattu, Chateaubriand, qui fut à plusieurs reprises ministre et ambassadeur, ne publia plus guère que des ouvrages politiques. A ceux-ci, il faut ajouter néanmoins le chevaleresque récit des Aventures du dernier Abencerage (1826), et les Natchez, sorte de roman poétique, composition de la jeunesse de l’auteur, de brillantes Etudes historiques, les Voyages en Amérique, en France, en Italie (1834), un médiocre Essai sur la littérature anglaise, précédant une traduction du Paradis Perdu de Milton (1836), une très faible Vie de Rancé (1844). Enfin il ne faut surtout pas oublier  les Mémoires d’Outre-Tombe, œuvre à la fois bizarre et prétentieuse, œuvre inégale surtout, parce que les diverses parties en ont été rédigées à des époques et dans des circonstances bien diverses. Cependant  les meilleures, par la poésie de certains tableaux, l’aisance et la variété des récits, la noblesse mélancolique ou passionnée des réflexions et des confidences, égalent les plus beaux ouvrages d'un auteur à qui la postérité a depuis longtemps signifié les mérites.

    Michel Escatafal

     

  • Madame de Staël, un des plus brillants esprits de son temps

    littérature,histoire,madame de staël,lamartine,villemainAnne-Louise-Germaine Necker, fille du célèbre ministre de Louis XVI, naquit à Paris le 22 avril 1766. Elle épousa en 1786 le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède à Paris, et mourut le 14 juillet 1817, également à Paris, après une attaque de paralysie. Disciple enthousiaste des philosophes du dix-huitième siècle, plus particulièrement de Jean-Jacques Rousseau, elle se fit, dès sa première jeunesse, admirer des personnages distingués qui fréquentaient le salon de son père. Plus tard, pendant la Révolution, le Consulat et l’Empire, elle devint comme l’âme du parti libéral et passa, jusqu’à la Restauration, la plus grande partie de sa vie dans l’exil, un exil qui ne la priva des hommages d’aucun de ses amis et de ses admirateurs. Quelques uns de ceux-ci furent d’ailleurs eux-mêmes proscrits pour lui avoir rendu visite à Coppet, en Suisse, dans le canton de Vaud.

    Rentrée définitivement en France en 1815, elle y composa son intéressant récit Dix années d’exil, publié à titre posthume en 1821, et l’une de ses œuvres les plus fortement conçues, Considérations sur les principaux évènements de la Révolution française, œuvre elle aussi publiée à titre posthume, en 1818. Auparavant Madame de Staël avait donné, outre deux romans de forme lourde, mais d’une inspiration très personnelle, Delphine (1802) et Corinne ou l’Italie (1807), et des opuscules de moindre importance, mais parmi lesquels encore faut-il signaler ses Réflexions sur la paix (1794) et sur la paix intérieure (1795), deux livres remplis d’idées neuves et qui devaient exercer une grande influence sur la littérature du dix-neuvième siècle, de la Littérature considérée dans ses rapports avec l’état moral et politique des nations (1800) et de l’Allemagne (1810).

    Le premier de ces deux livres est certes fondé sur une idée générale contestable, mais il ouvre à la critique des voies toutes nouvelles. Le second, beaucoup moins rigoureux dans la forme, mais nourri de faits bien observés, de réflexions et d’appréciations justes et profondes, mérite d’être admiré comme un livre révélateur, encore que la littérature et l’art allemands, que Goethe, Schiller, Lessing, Klopstock, Haydn et Mozart ne fussent pas alors tout à fait inconnus en France. Presque tous ceux qui ont connu Madame de Staël, ont pensé que ses ouvrages, si remarquables qu’ils fussent, ne laissaient qu’une imparfaite idée de l’esprit de cette dame illustre, tel qu’il se révélait dans la conversation. La postérité ne peut plus juger d’elle que par ses livres, et le style de ses livres, il faut le reconnaître, manque un peu de simplicité, de souplesse et de grâce.

    Cependant il est peu d’écrivains qu’on puisse lui préférer pour la force, la richesse et l’étendue, pour l’originalité, l’indépendance et la noblesse passionnée de la pensée. A ce propos, on rappellera la manière dont Lamartine a exprimé son admiration pour Madame de Staël, qu’il qualifiait de « génie mâle dans un corps de femme ». Mais il faut souligner aussi cette phrase du grand critique littéraire qu’était Villemain, disant d’elle qu’elle était « tout animée de cette vie puissante, et de ce feu de génie qui brillait dans ses moindres entretiens, et qui lui donnait une nature de supériorité que l’on ne peut oublier ni retrouver ».

    Michel Escatafal