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littérature - Page 25

  • Michel de l'Hospital, un second Caton le Censeur

    l'hospital.jpgFils de médecin, Michel de l’Hospital est né en 1506 à Aigueperse, commune située au cœur de la Limagne dans le Puy de Dôme. Après des études de droit en Italie, il fut successivement nommé, grâce à ses multiples talents et aux protections qu’ils lui valurent, conseiller au Parlement de Paris, surintendant des finances en 1554 et chancelier de France en 1560.

    Cependant les protections des grands de son époque avaient des limites,  comme en témoigne l’obligation qu’il eut d’abandonner  la dignité de chancelier de France en 1568, en raison de l’attitude qu’il avait prise en essayant de faire triompher une politique tolérante et sage. Cette attitude, en effet, avait fortement déplu à Catherine de Médicis, épouse du roi Henri II, qui l’avait pourtant appelé pour mener une politique  de réconciliation entre catholiques et protestants.

    Les œuvres que Michel de l’Hospital laissa à la postérité sont certes peu nombreuses, mais témoignent d’un grand talent littéraire. Ses Harangues sont toutes inspirées des nobles sentiments qui dirigèrent sa vie. Il était perçu comme un second Caton le Censeur, c’est-à-dire comme un homme qui savait censurer et corriger le monde corrompu, comme le décrira plus tard Brantôme (vers 1540-1614). Les Harangues étaient écrites d’un style ferme et net,  et moins surchargées de citations que celui de la plupart de nos anciens orateurs.

    Le même éloge a été fait de ses plus importants Mémoires politiques et de son Traité de la réformation de la justice, en sept parties. Michel de l’Hospital a encore écrit six livres d’épîtres en vers latins, toujours élégants, et le plus souvent pleins de charme et d’énergie. Il mourut en 1573 au château de Vignay qui était rattaché à la paroisse de Champmotteux.

    Michel Escatafal

  • La renaissance dans la littérature espagnole

    juan del Encina.jpgLa renaissance dans la littérature espagnole se situe à proprement parler au XVè siècle, période s'étalant pendant les règnes de Juan II (1406-1454), d'Enrique IV (1454-1474), des rois catholiques Fernando et Isabel (1474-1504), de Felipe el Hermoso (1504-1506) et la régence de Don Fernando (1507-1516). Caractérisée par une grande instabilité politique, au moins pendant sa première partie (1400-1474), cette période a vu au sens propre du terme la renaissance des arts et des lettres. Dès le règne de Juan II (Jean II) l’influence italienne est particulièrement marquée  et elle ira en s’affirmant tout au long du siècle.

    Parmi les genres littéraires de l’époque, il faut noter en premier lieu la poésie lyrique. Son premier représentant en sera  Inigo Lopez de Mendoza, marquis de Santillana (1398-1458) qui était à la fois un vaillant soldat, mais aussi un homme politique de talent, en même temps qu’un humaniste à la culture immense et un habile versificateur.  Il écrivit ses poèmes en décasyllabes à l’italienne  et les premiers sonnets écrits en castillan : los sonetos al italico modo.  Ses Canciones y decires (chansons et paroles) sont fameuses et surtout les célèbres Serranillas (composition narratives en vers), modèle d’élégance, de fraicheur, et de douce ironie, avec une distinction particulière pour la Vaquera de la Finojosa qui a rendu célèbre Hinorosa del  Duque, commune de la province de Cordoue.

    Chez Juan de la Mena (1411-1456), un des principaux chefs de file de cette école et un des premiers artistes de la littérature espagnole, l’influence italienne est tout à fait évidente. On sent un désir ardent de se rapprocher de Dante dans des œuvres de forme très soignées (Las Trescientas o Laberinto de Fortuna), parfois  grandioses, mais pouvant aussi être obscures. Pendant le règne d’Enrique IV (Henri  IV) on distingue parmi les poètes lyriques Jorge Manrique (1440-1478), célèbre par ses Coplas a la muerte de su padre (chansons à la mort de son père), un des monuments les plus exquis de la poésie espagnole, admirable méditation élégiaque sur la fragilité des choses humaines, écrite en forme parfaite.

    Depuis le siècle précédent se développe la forme poétique la plus typiquement espagnole, los romances, brefs poèmes épiques et presque toujours narratifs. Quasiment tous anonymes, transmis oralement par les jongleurs et les gens du village, ils racontent  de manière typique des épisodes de légende ou d’histoire dans la forme ô combien châtiée des vers octosyllabes. Depuis le XIVè siècle ils se compilent en Romanceros.  Ils sont classés par catégories (historiques, romanesques, lyriques) et par cycle (Romancero del Rey Don Rodrigo, de Bernardo del Carpio, de Fernan Gonzales, de les Infantes de Lara, del Cid, del Rey Don Pedro etc.), et ne passeront jamais de mode.

    En prose l’œuvre qui a eu le plus de relief au début du XVè siècle est  El Corbacho  d’Alfonso Martinez de Toledo, archiprêtre de Talavera (1398-1468). El Corbacho  est un traité didactico-moral contre la luxure et le péché de la chair. Plus tard, à la fin du siècle, sera publié le premier  des romans de chevalerie, le fameux Amadis de Gaula (1492) de Garci Rodriguez de Montalvan, un modèle du genre, qui allait jouir d’une grande renommé  durant tout le XVIè siècle et avoir une profonde influence sur les mœurs. Avec lui se créa « le couple idéal » Amadis et Oriana. Il s’agit d’un manuel du chevalier sans tâche , du vassal fidèle et de l’amant parfait, le prototype du roman d’aventures et du roman chevaleresque et pastoral.

    A la fin du siècle, on doit aussi mettre en lumière une des meilleures œuvres de la prose espagnole, toutes époques confondues, à savoir La Celestina o Comedia de Calixto y Melibea (1499). Cette œuvre de Fernando de Rojas (1475-1541) est une merveille d’analyse psychologique et passionnelle. La Celestina (la Célestine en français) est une tragi-comédie régie par le sexe et l’argent, écrite à une époque où l’Espagne était en pleine Inquisition (expulsion des Juifs d’Espagne à partir de 1492 et des Maures de Grenade en 1501). A noter que l’auteur  était un juif converti au catholicisme.

    Enfin ce siècle verra la vraie naissance du théâtre, comme pour le roman,  à l’époque des Rois Catholiques. Son meilleur représentant en sera  Juan del Encina (1468-1529), appelé « le patriarche du théâtre espagnol », avec ses œuvres pleines de poésie connues sous le nom de Representaciones, Autos, Farsas, Eglogas,  tirées de sujets de la vie de tous les jours, qui nous amèneront tout naturellement au théâtre classique.

    Michel Escatafal

  • La littérature espagnole aux XIIIè et XIVè siècles

    cantigas de S.M..jpgAprès avoir parcouru le XIIè siècle, nous allons poursuivre sur la littérature espagnole aux XIIIè et XIVè siècles, ce qui nous amènera jusqu’à la Renaissance.  Nous nous étions arrêtés sur le mester de juglaria, et nous allons continuer sur une « nouvelle  maestria », comme disent les Espagnols, le mester de clerecia (métier de clergie) dérivée de la précédente et qui va être la forme primitive d’une poésie plus savante.  Les clercs qui l’ont écrite se flattaient d’être érudits, et s’enorgueillissaient de leurs sources  écrites  d’où étaient tirés leurs poèmes épiques. Ils écrivaient avec un type de  strophes lourdes, qui sont des quatrains de 14 syllabes  avec des rimes doublées et consonantes (la cuaderna via).

    Le plus ancien et sans doute le meilleur de ces poètes, Gonzalo de Berceo,  mort vers 1268, est encore très populaire. Pittoresque, plein de sensibilité, et doué d’une bonté « sournoise », ses proses hagiographiques et enchanteresses nous racontent les miracles de la Vierge (Milagros de la Virgen) ou la vie des saints (Vida de Santo Domingo de Silos, de San Millan, de Santa Oria) avec une abondance de détails ingénus, mais pour certains hautement humoristiques. Parmi les autres poèmes du mester de clerecia le plus notable est El Libro de Alexandre, écrit vers 1250 avec 10.000 vers, à la fois didactique et moralisateur. L’auteur  y apparaît à la fois fier de son œuvre et admiratif de sa propre habileté.

    Au XIIIè siècle apparaissent également les premières pièces dramatiques, mais de caractère purement liturgique. El Auto de los Reyes Magos (Rois Mages) est le premier des quelques exemples qui nous restent de ce théâtre primitif. La poésie lyrique fait aussi son apparition à cette époque, mais rares sont les œuvres écrites en castillan. Les plus fameux de ces poèmes lyriques sont les admirables Cantigas de Santa Maria, œuvre personnelle du roi  Alfonso X el Sabio (1252-1284), en français Alphonse X le savant.

    Ce roi sera aussi le protecteur de la fameuse école des traducteurs de Tolède, qui réunissait tous les savants des trois religions monothéistes,  grâce à laquelle on mit la science orientale à portée du monde latin. Il est permis de considérer  El Rey Sabio (le Roi Savant) comme le fondateur de la connaissance espagnole dans de nombreux domaines (astronomie, histoire, philosophie, droit), et le premier des grands prosateurs.  La prose littéraire va poursuivre son développement au XIVè siècle,  avec pour  modèle de référence l’œuvre essentielle du neveu du Roi Savant, l’Infant Don Juan Manuel (1282-1349), à savoir El Conde Lucanor o libro de los Enxemplos (livre des exemples). Il s’agit d’une collection de 51 apologues, pleins d’espièglerie,  qui vont inspirer plusieurs grands auteurs tels que Cervantès, Shakespeare et La Fontaine.

    Enfin, à l’imitation de la prose, la poésie est avant tout de portée didactique et moralisatrice. Le meilleur des poètes de l’époque est Juan Ruiz, Arcipreste de Hita (archiprêtre de Hita) mort vers 1351, dont l’œuvre majeure, El libro de buen amor, est l’écrit le plus brillant du XIVè siècle. Ce livre d’une grande force satirique,  débordant d’humour pétillant, relate les nombreuses expériences amoureuses de l’auteur qui prétend ainsi mettre en garde ses lecteurs contre « l’amour fou ». Le style est savoureux, plein de fraîcheur populaire, ce qui donne à ces fables un niveau qui ne sera égalé que par La Fontaine.

    Bien distinct de Juan Ruiz est  Pero Lopez de Ayala (1332-1407), un des personnages politiques les plus importants  de la deuxième moitié du XIVè siècle, serviteur notamment de Pedro 1 el Cruel o el Justiciero (Pierre 1er le Cruel ou le Justicier). Son œuvre principale, el Rimado de Palacio (Livre de Poèmes du Palais), est une satire amère et sévère (8200 vers) en même temps qu’un traité de philosophie morale.

    Michel Escatafal

  • Quelques éléments de la littérature en Espagne au XIIè siècle

    Cid.jpgAu même titre que la littérature française ou italienne, la littérature espagnole est une des plus riches en Europe. Nous allons donc commencer par un survol rapide du XIIè siécle, époque particulière pour l’Espagne puisqu’elle correspond à la fin de reconquête du Nord de la péninsule ibérique, celle-ci ayant commencé au VIIIè siècle. Cela ne signifie pas pour autant qu’au XIIè siècle la menace arabe n’existait plus, puisque les Maures ont essayé d’envahir de nouveau à intervalles plus ou moins réguliers la partie septentrionale de l’Espagne, notamment les Almoravides à la fin du XIè siècle et les Almohades au milieu du XIIè siècle.

     

    Cette reconquête va évidemment inspirer de nombreux auteurs, surtout à partir du XIIè siècle, avec une littérature de caractère épico-narrative. Deux monuments de cette époque sont à signaler, tout d’abord El cantar de mio Cid, qui en est l’œuvre maîtresse, et ce que l’on appelle El mester de juglaria que l’on pourrait traduire par « le métier de jonglerie ». El cantar de mio Cid qu’il est inutile de traduire,  est un poème épique d’auteur inconnu, écrit vers 1142 en vers de 16 syllabes. La copie qui nous en est restée est d’un certain Pero Abad, lequel vécut au début du XIVè siècle, et qui altéra quelque peu le l’œuvre originale.

     

    Celle-ci se distinguait des poèmes épiques écrits en français par un relatif réalisme, mais aussi par l’absence de veine fantastique, la sincérité exacerbée des sentiments et un art moins riche. Elle chante les louanges de l’immense figure du héros national ( el Cid Campeador qui signifie, en français, le seigneur qui gagne les batailles), évoquant plus particulièrement son exil, ses exploits et la conquête de Valencia (Valence) en 1094. D’une scrupuleuse exactitude géographique, ce qui n’est pas le cas de la réalité historique, débordant de sentiment national, El cantar de mio Cid a été écrit avec la plus noble simplicité.

     

    El mester de juglaria parle de jongleurs qui récitaient des poèmes épiques devant les seigneurs, mais aussi diffusaient de nombreuses épopées populaires, elles aussi anonymes. A noter que ces jongleurs (hommes ou femmes), vêtus de robes de couleur voyantes, étaient aussi poètes, danseurs, montreurs de marionnettes, et musiciens jouant de la guitare, de la trompe de chasse ou du tambour. Parmi ces épopées, il faut citer celles qui évoquent les Siete Infantes de Lara (les sept infantes de Lara), qui est en fait une légende à la force dramatique incontestable sur fond d’offense et de vengeance avant « la reconquête », ou encore la particion de los reinos (le partage des royaumes) et bien d’autres ouvrages de même nature. C’est l’ensemble de toutes ces œuvres qui sont désignées sous le vocable de mester de juglaria.

     

    Michel Escatafal

  • du Bellay ou la réforme poétique

    du bellay.jpgAppartenant à une des plus illustres familles du royaume, Joachim du Bellay naquit à Liré dans l’Anjou (aujourd’hui dans le département de Maine-et-Loire) en 1522 et mourut à Paris en 1560, après avoir vécu en Italie (1553-1557) auprès du cardinal Jean du Bellay. Joachim du Bellay est évidemment associé à la Pléiade,  nom qui  fut donné au 3è siècle avant notre ère à une réunion de sept poètes tragiques d’Alexandrie, par allusion à la constellation ainsi appelée. Parmi eux  Lycophron, l’auteur de l’étrange poème d’Alexandra, qui fut repris au 16è siècle en France par la société formée de l’humaniste Daurat (mort en 1588), de ses élèves Ronsard, Baïf, du Bellay, Rémi Belleau, de Jodelle et de Pontus de Thyard (1521-1605), évêque de Chalon-sur-Saône.

    Du Bellay et son ami Ronsard  entreprirent de concert avec les autres poètes de la Pléiade l’œuvre de la réforme poétique. A ce propos, du Bellay joua le rôle de précurseur  puisqu’il publia dès 1549 un premier recueil de poésies, l’Olive, et son très célèbre livre la Défense et Illustration de la langue françoyse, qui fut le manifeste de l’école nouvelle. Dans cet ouvrage dont Ronsard fut certainement le collaborateur, du Bellay cherchait à prouver que l’infériorité de la littérature française par rapport aux littératures antiques, était due uniquement à la faiblesse des écrivains qui s’en étaient servis, et non au défaut de notre langue. Pour enrichir et illustrer notre langue, il suffisait d’emprunter aux anciens leurs mots, leurs tours, leurs idées et leurs genres.

    Ce mouvement de retour de l’Antiquité devait être éminemment profitable au développement de notre littérature, en raison de son caractère réglé et modéré. Le séjour de du Bellay à Rome lui inspira ses deux plus beaux recueils de sonnets, les Antiquités de Rome et les Regrets, remplis de force et de mélancolie. Mais il a aussi laissé, outre ses Jeux Rustiques, des pièces diverses, lyriques, élégiaques  et satiriques, dont la forme et le sentiment sont souvent intéressants. En outre certaines de ces pièces  appartiennent au groupe de ces poésies d’inspiration, à la fois érudite et  païenne, qui ne se rapportent en rien aux habitudes et aux sentiments modernes.

    Michel Escatafal