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La renaissance dans la littérature espagnole

juan del Encina.jpgLa renaissance dans la littérature espagnole se situe à proprement parler au XVè siècle, période s'étalant pendant les règnes de Juan II (1406-1454), d'Enrique IV (1454-1474), des rois catholiques Fernando et Isabel (1474-1504), de Felipe el Hermoso (1504-1506) et la régence de Don Fernando (1507-1516). Caractérisée par une grande instabilité politique, au moins pendant sa première partie (1400-1474), cette période a vu au sens propre du terme la renaissance des arts et des lettres. Dès le règne de Juan II (Jean II) l’influence italienne est particulièrement marquée  et elle ira en s’affirmant tout au long du siècle.

Parmi les genres littéraires de l’époque, il faut noter en premier lieu la poésie lyrique. Son premier représentant en sera  Inigo Lopez de Mendoza, marquis de Santillana (1398-1458) qui était à la fois un vaillant soldat, mais aussi un homme politique de talent, en même temps qu’un humaniste à la culture immense et un habile versificateur.  Il écrivit ses poèmes en décasyllabes à l’italienne  et les premiers sonnets écrits en castillan : los sonetos al italico modo.  Ses Canciones y decires (chansons et paroles) sont fameuses et surtout les célèbres Serranillas (composition narratives en vers), modèle d’élégance, de fraicheur, et de douce ironie, avec une distinction particulière pour la Vaquera de la Finojosa qui a rendu célèbre Hinorosa del  Duque, commune de la province de Cordoue.

Chez Juan de la Mena (1411-1456), un des principaux chefs de file de cette école et un des premiers artistes de la littérature espagnole, l’influence italienne est tout à fait évidente. On sent un désir ardent de se rapprocher de Dante dans des œuvres de forme très soignées (Las Trescientas o Laberinto de Fortuna), parfois  grandioses, mais pouvant aussi être obscures. Pendant le règne d’Enrique IV (Henri  IV) on distingue parmi les poètes lyriques Jorge Manrique (1440-1478), célèbre par ses Coplas a la muerte de su padre (chansons à la mort de son père), un des monuments les plus exquis de la poésie espagnole, admirable méditation élégiaque sur la fragilité des choses humaines, écrite en forme parfaite.

Depuis le siècle précédent se développe la forme poétique la plus typiquement espagnole, los romances, brefs poèmes épiques et presque toujours narratifs. Quasiment tous anonymes, transmis oralement par les jongleurs et les gens du village, ils racontent  de manière typique des épisodes de légende ou d’histoire dans la forme ô combien châtiée des vers octosyllabes. Depuis le XIVè siècle ils se compilent en Romanceros.  Ils sont classés par catégories (historiques, romanesques, lyriques) et par cycle (Romancero del Rey Don Rodrigo, de Bernardo del Carpio, de Fernan Gonzales, de les Infantes de Lara, del Cid, del Rey Don Pedro etc.), et ne passeront jamais de mode.

En prose l’œuvre qui a eu le plus de relief au début du XVè siècle est  El Corbacho  d’Alfonso Martinez de Toledo, archiprêtre de Talavera (1398-1468). El Corbacho  est un traité didactico-moral contre la luxure et le péché de la chair. Plus tard, à la fin du siècle, sera publié le premier  des romans de chevalerie, le fameux Amadis de Gaula (1492) de Garci Rodriguez de Montalvan, un modèle du genre, qui allait jouir d’une grande renommé  durant tout le XVIè siècle et avoir une profonde influence sur les mœurs. Avec lui se créa « le couple idéal » Amadis et Oriana. Il s’agit d’un manuel du chevalier sans tâche , du vassal fidèle et de l’amant parfait, le prototype du roman d’aventures et du roman chevaleresque et pastoral.

A la fin du siècle, on doit aussi mettre en lumière une des meilleures œuvres de la prose espagnole, toutes époques confondues, à savoir La Celestina o Comedia de Calixto y Melibea (1499). Cette œuvre de Fernando de Rojas (1475-1541) est une merveille d’analyse psychologique et passionnelle. La Celestina (la Célestine en français) est une tragi-comédie régie par le sexe et l’argent, écrite à une époque où l’Espagne était en pleine Inquisition (expulsion des Juifs d’Espagne à partir de 1492 et des Maures de Grenade en 1501). A noter que l’auteur  était un juif converti au catholicisme.

Enfin ce siècle verra la vraie naissance du théâtre, comme pour le roman,  à l’époque des Rois Catholiques. Son meilleur représentant en sera  Juan del Encina (1468-1529), appelé « le patriarche du théâtre espagnol », avec ses œuvres pleines de poésie connues sous le nom de Representaciones, Autos, Farsas, Eglogas,  tirées de sujets de la vie de tous les jours, qui nous amèneront tout naturellement au théâtre classique.

Michel Escatafal

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