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histoire littéraire - Page 3

  • Les mémoires de Monluc

    monluc.jpgDans la littérature il est assez rare de trouver des militaires parmi nos plus grands écrivains. Et pourtant il y en a au moins un qui figure en tête de liste, Blaise Monluc. Ce dernier en effet prit part à toutes les guerres de François 1er et d’Henri II, notamment en Italie d'où il ramena la rapière, arme redoutable rendue célèbre plus tard par les Mousquetaires. Il fut aussi chargé du gouvernement de la Guyenne où il est né en 1502. Dans ces fonctions il s’avéra un terrible combattant pour les protestants avec lesquels il fit preuve d’une implacable cruauté.

    Sa vocation d’écrivain s’avéra tardive puisqu’elle résulta d’une blessure subie au siège de Rabastens en 1570, qui l’obligea à se retirer chez lui. Il en profita pour écrire le récit de sa vie, ne serait-ce que pour répondre aux accusations dont son administration fit l’objet. Cependant, malgré sa blessure et son âge avancé, il fut appelé au siège de la Rochelle en 1573 et fut nommé peu après (en 1575) maréchal de France.  Il mourut en 1577.

    Soldat lettré bien qu’il s’efforça toute sa vie de n’en rien laisser paraître, il a intitulé ses mémoires Commentaires,  comme un autre grand soldat…Jules César. Il n’avait pas peur des comparaisons. Cela étant  ses Commentaires, divisées en sept livres, sont une œuvre d’une extraordinaire précision et rien n’est plus vivant que ces récits de sièges et de bataille dans lesquels il ne cessa de donner l’exemple.

    En outre, les épouvantables tableaux qu’il brosse de ces combats donnent une idée encore plus nauséabonde de la guerre civile et de l’intolérance qui l’a déchaînée.  Malgré tout  les lecteurs du 21è siècle que nous sommes, n’hésiteront pas à reprocher à Monluc de sembler se complaire à l’évocation des purges qu’il inflige aux rebelles du royaume, où à tout le moins d’y faire preuve d’une tranquille indifférence.

    Michel Escatafal

  • La prose de François Rabelais

    rabelais.jpgFrançois Rabelais est né à Chinon entre 1483 et 1495 et mort en 1553 ou 1554. Comme nous pouvons le constater, plusieurs parties de sa vie sont encore obscures, mais en revanche nous savons qu’il est entré dans les ordres et qu’il s'y concilia des amitiés et des protections illustres, qu’il voyagea beaucoup en France et jusqu’en Italie à Rome, avec le cardinal Jean du Bellay,  et plus encore  qu’il a énormément étudié. Cela lui a permis d’amasser à peu près toutes les connaissances qu’il était possible d’acquérir de son temps.

    Il a même exercé la médecine avec éclat, mais surtout au milieu de tant d’occupations il a trouvé le moyen de rédiger le grand ouvrage qui l’a immortalisé, avec le premier livre de Pantagruel publié en 1532, et la Vie de Gargantua, père de Pantagruel en 1535. L’ouvrage complet comprend cinq livres, mais on n’est pas certain que le cinquième qui parut une dizaine d’années après sa mort soit de lui.

    L’histoire de ses gigantesques héros, autour desquels il groupe des personnages divers  qu’il désigne souvent par des noms grecs à signification symbolique, n’est qu’un prétexte qui permet à Rabelais sous le voile d’allégories bouffonnes de passer en revue les erreurs et les abus de son époque.  Son œuvre est marquée à la fois par la prodigalité et l’exubérance, mais aussi par un comique parfois grossier, et qui touche au grotesque. Par contraste, dans les enseignements qui ressortent de son œuvre on trouve beaucoup de pondération et de sagesse.

    En résumé, l’œuvre de Rabelais présente un assemblage curieux des qualités les plus diverses et les plus opposées que l’on puisse trouver. Il passera  à la postérité comme un esprit joyeux et raisonnable, ouvert aux plus nobles jouissances, sans dédaigner les plaisirs les plus vulgaires ce qui a pu choquer les âmes délicates. Malgré tout il sera toujours respectueux des vérités les plus générales de la philosophie et de la religion, mais surtout son esprit  l’incite à penser que la sagesse consiste à  suivre la nature sans jamais la contrarier.

    Michel  Escatafal

  • La Renaissance

    marguerite d'angoulême.jpgA cette époque la langue française va de plus en plus s’affranchir de la construction latine,  et notre langue est en train de se constituer définitivement. Les conteurs du 16è siècle sont de plus en plus différents de ceux qui les ont précédés.  Parmi ceux-ci le premier nom qui vient à l’esprit est évidemment celui de Rabelais (mort en 1553) qui fait paraître à la fin de 1532 le premier livre de Pantagruel et avant 1535 Gargantua. Ces deux livres sont remarquables à la fois par l’abondance du vocabulaire, mais aussi par les idées philosophiques qu’ils contiennent. Quelques auteurs de talent marqueront aussi cette époque dans un style un peu différent, comme Marguerite d’Angoulême (1492-1549), reine de Navarre et sœur du roi François 1er, ou encore Bonaventure des Periers (mort en 1544).

    Mais à cette époque le livre qui va marquer une des dates les plus importantes de l’histoire de la prose française est l’Institution  chrétienne (1541) de Calvin (1509-1564), à coup sûr le livre traitant de théologie ayant eu le plus d’influence au 16è siècle.  Théodore de Bèze (1519-1605) et Duplessis-Mornay (1549-1623) méritent aussi la citation, mais évidemment un cran en dessous.  Par ailleurs  il ne faut surtout pas négliger les ouvrages de politique publiés par des auteurs comme de Bodin (1530-1596) qui écrivit la République en 1578 et surtout La Boétie (1530-1567) auteur du Discours de la servitude volontaire, sans oublier le chancelier Michel de l’Hospital (1505-1573).

    Nous n’insisterons pas, à la même époque, sur le rôle de Montaigne qui a su s’approprier et revêtir d’une forme personnelle les idées qu’il avait empruntées aux auteurs de l’antiquité. Dans le même temps Girard du Haillan (1535-1610) écrira une Histoire de France, premier modèle, même si celle-ci a eu du mal à passer à la postérité, ce qui ne sera pas le cas de l’Histoire Universelle de d’Aubigné (1552-1630). A cela s’ajoute la publication de mémoires ou de notes diplomatiques de quelques hommes politiques comme Sully (1560-1641), Jeannin (1540-1622) et Henri IV lui-même, preuve supplémentaire qu’à cette époque également histoire et littérature étaient très intimement liées.

    Enfin on ne peut pas éviter de parler de trois hommes qui ont écrit avec pour seul but de consigner le résultat de leurs recherches scientifiques, à savoir le chirurgien Ambroise Paré (1517-1590), Bernard Palissy (1510-1590) et Olivier de Serres (1539-1619), l’auteur du théâtre d’Agriculture. Quant aux poètes, ils se signalent surtout par des poésies simples et des versifications compliquées.  Parmi ceux-ci nous en citerons un, Jean Marot (1463-2523), surtout célèbre parce qu’il est le père de Clément Marot qui s’élève au dessus de tout le monde dans ses meilleures poésies, ce que n’avait pas manqué de remarquer François 1er qui était à la fois un admirateur et un fidèle soutien.

    C’est à ce moment que quelques poètes s’associèrent pour tenter de renouveler et enrichir la poésie française par l’imitation de l’Antiquité. En 1549 paraît le manifeste de l’école nouvelle la Brigade puis la Pléiade avec la Défense et Illustration de la langue française.  Ce livre ô combien célèbre voyait Joachim du Bellay y défendre la langue française contre le reproche de pauvreté qui lui était fait.  La Pléiade va former des mots composés en français à l’imitation des mots grecs ou latins du même genre, mais aussi permettre d’exprimer comme les  poètes antiques les idées et les sentiments les plus élevés.

    Ainsi on verra naître l’ode, le sonnet, l’élégie, l’églogue et avec l’épopée, la tragédie et la comédie. On n’a pas besoin de citer les noms car tout le monde les connaît, à commencer par le plus brillant d’entre eux, Ronsard (1524-1585), mais aussi du Bellay (1522-1560) sans oublier Belleau (1528-1577), Pontus de Thyard (1521-1605) et le fondateur de notre tragédie, tout à fait dans le goût de Sénèque, Jodelle (1532-1573). Tous les autres poètes se rattacheront à la Pléiade dont on dit qu’elle a en quelque sorte décidé de l’avenir de la poésie française.

    Michel Escatafal

  • La littérature française des origines à l'époque de la renaissance

    villon.jpgL’histoire de la littérature française est marquée  par plusieurs grandes périodes, elles-mêmes divisées en sous-périodes distinctes. On désignera quatre périodes jusqu’au 19è siècle : la première allant des origines à l’époque de la Renaissance, le deuxième concernera la Renaissance elle-même, la troisième couvrira les 17è et 18è siècles, plus les premières années du 19è siècle, et enfin le 19è siècle à partir de la Restauration. Nous aurons évidemment l’occasion d’évoquer ces périodes dans ce blog au fur et à mesure que nous citerons les principaux écrivains qui ont fait la gloire et la richesse de notre littérature. Cependant nous allons essayer de faire un résumé de ces quatre parties, en les situant dans un contexte historique qui nous fera mieux découvrir  les curiosités de l’histoire littéraire de notre pays.

    La première de ces quatre  grandes périodes commence par une introduction qui ira des origines de la langue  jusqu’à la fin de la Guerre de Cent Ans et même un peu au delà, en passant par l’époque de la première croisade (1096).  La langue a été évidemment fortement influencée par la conquête de la Gaule par Jules César (52 avant notre ére). Le latin est devenu la langue du droit, des affaires, du commerce, des écoles et de l’Eglise. Quatre siècles après la conquête le latin était parlé partout en Gaule, et si les Barbares apportèrent des transformations la langue parlée en Gaule ne subira guère de modifications jusqu’au 7è siècle.

    Ensuite on parla plutôt le roman (une sorte de latin simplifié)  et c’est dans cette langue que fut rédigé le fameux texte du serment entre Louis le Germanique et  Charles le Chauve (842). Peu après  apparurent les premiers monuments littéraires de cette nouvelle langue, et peu à peu les œuvres littéraires deviennent de plus en plus nombreuses jusqu’à la célèbre Chanson de Roland (fin du 11è siécle), qui est comme chacun le sait une chanson de geste ou si l’on préfère un poème épique.

    Ce genre de poème se perpétuera  au-delà du 12è siècle avec pour acteur principal le roi de la  Grande-Bretagne, Arthur et ses Chevaliers de la Table Ronde.  Ensuite ce fut le déclin de l’esprit chevaleresque au profit de l’esprit bourgeois, fait de malice et de bon sens et prompt à la satire, qui donnera des récits désignés sous le nom de fabliaux, composés entre la fin du 12è siècle et le commencement du 14è. A propos de satire, la poésie satirique est représentée dès le 13è siècle par ce que l’on appelait les dits, les disputes, les débats et par les états du monde où on faisait ressortir les vices et les défauts de la société. Le meilleur représentant de cette forme de poésie a été Ruteboeuf (mort en 1280) dont certains disent qu’il fut le plus doué de tous nos poètes avant Villon. Le Roman de Renart  pour sa part procède à la fois de l’épopée, du fabliau et de la satire.

    Mais c’est aussi du 12è siècle que datent les premières grandes œuvres de notre littérature dramatique. Le drame sera d’abord religieux avec une représentation de scènes religieuses dans les églises, puis il s’exila sur la place publique, tout en restant fidèle à son orientation primitive.  Quant à notre théâtre comique, les origines en sont beaucoup plus floues et les premiers monuments du genre comique ne sont guère antérieurs au 13è siècle.  La poésie lyrique, pour sa part, brilla d’un vif éclat au Moyen-Age, mais curieusement on ne classe pas les troubadours des 12è et 13è siècles parmi les poètes lyriques français…parce qu’ils écrivaient en langue d’oc, et donc ne sont pas considérés comme des écrivains français.

    Enfin dès le 12è siècle aussi commencent à apparaître les récits romanesques en prose d’origine antique, orientale, bretonne et française. Elles prendront de plus en plus la place des anciennes épopées en vers aux yeux du public. Du 13è siècle nous avons également  des sermons, des traductions, des romans et l’histoire. Parmi les chefs d’œuvre du genre nous citerons l’Histoire de Saint-Louis écrite au tout début du 14è siècle par Joinville, un des plus fidèles compagnons de Louis IX.

    La deuxième partie de cette période  va de la Guerre de Cent ans à l’époque de la Renaissance. La langue française devient de plus en plus analytique, et perd les derniers vestiges de déclinaisons hérités de ses origines latines.  L’épopée ne se renouvelle plus et ce ne sont pas les évènements de la guerre de Cent Ans qui vont lui redonner vie. En revanche le théâtre prend son essor au 14è siècle et plus encore  au  15è. On met en scène des sujets religieux, de manière parfois païenne, empruntés  à la Bible, au Nouveau Testament ou à la vie des saints, mais en 1548 un arrêt du Parlement interdira à Paris la représentation des mystères. A la place on verra se développer la farce qui est une petite pièce destinée à amuser plus qu’à instruire. A coté de cela les règles de la poésie lyrique vont se transformer profondément sous forme de ballade et de rondeaux. Parmi les grands poètes de l’époque il faut citer Charles d’Orléans (1391-1465) et surtout Villon (1431-1463).

    Enfin, le genre de prose qui fait le plus de progrès est l’histoire, notamment grâce à l’illustre Froissard (1337-1410). Rarement dans l’histoire de notre pays il y eut autant d’écrits historiques contemporains. Outre Froissard, il faut citer un écrivain de grand talent, Philippe de Commynes (1445-1511), diplomate de profession, qui dans ses Mémoires publiées en 1524 raisonne déjà presque en philosophe  sur les évènements qu’il décrit. L’esprit français en se pénétrant de l’esprit de l’antiquité va se renouveler profondément en  s’élargissant. Ce  sont les prémices de la période de la Renaissance.

    Michel Escatafal