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histoire littéraire - Page 2

  • Il a renouvelé l'étude de la philosophie et des sciences

    descartes.jpgRené Descartes est né le 31 mars 1596 en Touraine à La Haye, qui est devenu ensuite la Haye-Descartes, et qui s’appelle aujourd'hui Descartes tout court, dans le département d’Indre-et-Loire. Après avoir achevé ses études au collège des Jésuites de la Flèche, il résolut de voir le monde et de voyager en gentilhomme à qui sa fortune permet de mener une vie indépendante. C’est ainsi qu’il parcourut une grande partie de l’Europe, prenant même par deux fois du service dans les armées, la première au tout début de la guerre de Trente ans (1618-1648). Cela ne lui donna pas pour autant le goût de l’histoire et des langues,  tant son esprit était occupé à l’étude de la métaphysique et des sciences.

    Cependant, comme Montaigne, dont les leçons et l’exemple devaient être présents à son esprit, le jeune gentilhomme s’entretenait lui-même de l’incertitude de ce qu’on enseignait alors dans les écoles sous le nom des « diverses sciences ». En 1619, une vision lui donna le sentiment qu’il avait enfin trouvé la méthode capable de le conduire au vrai. Il employa sans doute les années qui suivirent à mûrir et à éprouver sa découverte, mais sans renoncer au monde, ni même aux armes, car il combat en 1628 dans l’armée de Richelieu, au siège de la Rochelle.

    Enfin, en 1629, il se fixe en Hollande, et c’est là qu’il publie, en 1637, ce célèbre Discours de la Méthode, dont on dit qu’il marque la naissance de la philosophie moderne, et qui n’est à vrai dire qu’une préface. Il y faisait pour ainsi dire l’histoire de son esprit, racontant par quelles suites de méditations, après avoir fait table rase de toutes ses connaissances précédemment acquises, il était arrivé à se créer une méthode pour refaire par lui-même tout l’édifice de la science. Ensuite il exposait les résultats auxquels il était parvenu  par cette méthode, et ceux qu’il  espérait légitimement  atteindre dans la suite.

    Ce petit livre renouvelait entièrement l’étude de la philosophie et des sciences, quelques objections qu’on ait d’ailleurs pu faire valoir contre l’application de la méthode de Descartes, qui est comme une généralisation de la méthode des mathématiciens, à l’étude des sciences naturelles, en fondant désormais la science non plus sur l’autorité de la tradition, mais sur l’assentiment de la raison. Mais dans l’histoire même de notre langue et de notre littérature, la date de l’apparition du Discours de la Méthode ne saurait passer inaperçue. Il n’est pas sans intérêt de voir la langue française, purgée de tout archaïsme et de tout embarras, se prêter, sous sa forme nouvelle, avec une aisance et une clarté parfaites à l’exposition de ces hautes vérités qu’on croyait volontiers ne pouvoir être aisément et dignement exprimées qu’en latin.

    Les témoignages de l’admiration que le dix-septième siècle, presque tout entier, a vouée à Descartes sont célèbres. Ne parlons pas des éloges que lui décernent les poètes ou les gens du monde, mais Pascal ne l’a combattu qu’après avoir subi son influence. En outre ni Bossuet, ni les messieurs de Port-Royal ne peuvent se défendre d’être en un sens ses disciples. Enfin, le plus grand des philosophes français du dix-septième siècle après Descartes, Malebranche, est aussi le plus grand des cartésiens.

    Descartes est  mort le 11 février 1650 à Stockholm, où il avait été appelé quelques mois auparavant par la reine Christine de Suède à qui il vouait une grande admiration, « en raison de cette grande ardeur qu’elle a pour la connaissance des lettres », pour reprendre les termes de la lettre qu’il fit à Madame Elisabeth, princesse Palatine le 9 octobre 1649. Pour mémoire rappelons que Christine de Suède (1626-1689) succéda à son père Gustave-Adolphe en 1632, abdiqua en 1654, et, malgré ses erreurs et ses crimes,  eut du moins le mérite d’accorder aux littérateurs et aux savants une protection éclairée.

    Michel Escatafal

  • Michel de l'Hospital, un second Caton le Censeur

    l'hospital.jpgFils de médecin, Michel de l’Hospital est né en 1506 à Aigueperse, commune située au cœur de la Limagne dans le Puy de Dôme. Après des études de droit en Italie, il fut successivement nommé, grâce à ses multiples talents et aux protections qu’ils lui valurent, conseiller au Parlement de Paris, surintendant des finances en 1554 et chancelier de France en 1560.

    Cependant les protections des grands de son époque avaient des limites,  comme en témoigne l’obligation qu’il eut d’abandonner  la dignité de chancelier de France en 1568, en raison de l’attitude qu’il avait prise en essayant de faire triompher une politique tolérante et sage. Cette attitude, en effet, avait fortement déplu à Catherine de Médicis, épouse du roi Henri II, qui l’avait pourtant appelé pour mener une politique  de réconciliation entre catholiques et protestants.

    Les œuvres que Michel de l’Hospital laissa à la postérité sont certes peu nombreuses, mais témoignent d’un grand talent littéraire. Ses Harangues sont toutes inspirées des nobles sentiments qui dirigèrent sa vie. Il était perçu comme un second Caton le Censeur, c’est-à-dire comme un homme qui savait censurer et corriger le monde corrompu, comme le décrira plus tard Brantôme (vers 1540-1614). Les Harangues étaient écrites d’un style ferme et net,  et moins surchargées de citations que celui de la plupart de nos anciens orateurs.

    Le même éloge a été fait de ses plus importants Mémoires politiques et de son Traité de la réformation de la justice, en sept parties. Michel de l’Hospital a encore écrit six livres d’épîtres en vers latins, toujours élégants, et le plus souvent pleins de charme et d’énergie. Il mourut en 1573 au château de Vignay qui était rattaché à la paroisse de Champmotteux.

    Michel Escatafal

  • Calvin (1509-1564)

    calvin.jpgParmi les auteurs qui ont marqué le 16è siècle, il en est un qui va laisser des traces profondes à la fois dans l’histoire, mais aussi dans la littérature. Il s’agit de Jean Cauvin, plus connu sous le nom de Calvin qui lui venait de la traduction latine de son nom Calvinus. Il est né à Noyon en 1509, et bien que bénéficiant très jeune d’une cure, il n’entra point pour cela dans les ordres. En revanche il se laissa gagner très tôt par les idées de réforme religieuse qui commençaient à circuler dans le pays.

    Ayant été contraint de quitter la France en 1534, il se rend à Bâle où il publiera deux ans plus tard son grand ouvrage écrit en latin, l’Institution de la religion chrétienne. Ensuite, il séjournera en Italie, puis reviendra à Bâle avant de partir pour Genève où il sera banni en 1538. Ce bannissement sera de courte durée puisqu’il reviendra à Genève en 1540, où il va organiser une théocratie austère et tyrannique.

    Là, il va remanier à de nombreuses reprises la première version de l’Institution de la religion chrétienne, qu’il fera traduire en français en 1541, et dont il va donner la version définitive en latin et en français en 1559 et 1560. A noter que dans l’édition de 1541, Calvin s’adresse au roi François 1er en employant partout la deuxième personne du singulier et non celle du pluriel.

    Ce sera le premier grand ouvrage en français sur un sujet où sont exprimés « de hautes idées », pour parler comme on le faisait à l’époque. Plus que le contenu religieux,  ce qui compte dans cet ouvrage sur le plan littéraire c’est d’abord son intérêt pour l’histoire de la langue et de la littérature française. Avant sa mort en 1564, Calvin laissera un grand nombre d’opuscules théologiques, des Lettres et des Sermons.

    Michel Escatafal

  • Une période à la fois courte et intense (1660-1715)

    Cette période est marquée par le véritable règne de Louis XIV, c’est-à-dire celui où il exerça un gouvernement personnel. C’est aussi la vraie période classique de notre histoire littéraire, représentée par des auteurs qui ne vont pas cesser de produire des chefs d’œuvre et à qui chacun reconnaît un certain génie. Trois poètes la représentent surtout, Boileau (1636-1711), Molière (1622-1673) et Racine (1639-1699), tous trois ennemis du romanesque, du burlesque et de tout ce qui semble contraire à la nature et à la vérité.  Racine dans ses tragédies  comme Molière dans ses comédies peignent les hommes tels qu’ils sont. Quant à Boileau qui les a beaucoup soutenus de ses encouragements et de ses conseils, il proclame le triomphe de l’école nouvelle dans son Art Poétique (1674).

    Avec davantage d’indépendance et des mérites poétiques originaux, La Fontaine (1621-1695) montre dans ses Fables le même amour du naturel. D’autres auteurs dans un genre différent font aussi partie des personnages les plus brillants d’une époque où la vie politique avait été gravement troublée quelques années auparavant par la Fronde (1648-1652), mais où les choses de l’esprit restaient au centre des préoccupations. Cela a permis de mettre à la mode les maximes et les portraits qui ont valu à leurs auteurs de figurer aussi parmi nos plus grands écrivains.

    On peut citer notamment La Rochefoucauld (1613-1680), de Retz (1613-1679), Madame de Sévigné ((1626-1696), Madame de La Fayette (1634-1693), sans oublier Madame de Montpensier (1627-1693).  Cependant de l’avis de tous, le plus grand prosateur du siècle est Bossuet (1627-1604), dont la vie domine l’histoire de l’Eglise de France à cette époque, et qui lui donne une place à part dans l’histoire de la littérature française. Comme orateur religieux il est au dessus de tous, et seul Bourdaloue (1632-1704) mérite la citation après lui.

    Un peu plus tard, vers la fin du siècle, La Bruyère (1645-1695) dans Les Caractères (1688)fait souffler encore un esprit nouveau contre les vices des grands,  et contre l’obscénité des gens de finances qui commencent à tenir une place de plus en plus importante dans la société. Tout cela accompagne des transformations morales et sociales qui vont s’amplifier avec le temps. En revanche les auteurs de l’époque ont du mal à soutenir la comparaison avec leurs prédécesseurs.  Regnard (1655-1709) dans ses comédies  s’efforce surtout  d’être amusant et Lesage (1668-1674) se contente de railler les ridicules de son temps. Dans le genre tragique personne ne se détache, pas même  Thomas Corneille (1625-1709) qui suit docilement dans ses pièces les fluctuations du goût contemporain.

    La fin du règne de Louis XIV devenant de plus en plus difficile, l’opposition à la politique du roi se fait de plus en plus jour, surtout après la révocation de l’Edit de Nantes (1685). Les Jansénistes donnent l’exemple de la résistance,  et nombreux sont ceux qui vont s’élever contre la dévotion imposée à la cour par Madame de Maintenon (1635-1719) qui, à cette époque, a  fondé Saint-Cyr et multiplié les écrits pour cette maison célèbre.

    Notons enfin que cette fin de règne fut marquée par les tentatives de quelques esprits d’élite désireux de tracer les grandes lignes de certaines réformes,  avec moins de pouvoirs pour le roi.  Parmi eux Vauban (1633-1707) va publier sa Dîme Royale, et Fénelon (1651-1715) déjà compromis par les querelles du quiétisme, va émettre des opinions littéraires intéressantes et téméraires dans sa Lettre à l’Académie. Cela étant, même si personne n’ose encore remettre en question le principe du gouvernement monarchique, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir une évolution vers moins de contrainte et d’autorité despotique.

    Michel Escatafal

  • Après la Pléiade et avant la période classique

    catherine de vivonne.jpgAprès la période de la Pléiade qui a finalement laissé moins de traces qu’on ne l’imagine, au point de voir les poètes de cette époque disparaître pour longtemps, la relève a été prise par Malherbe (1555-1628) qui a été le premier à faire prévaloir ce qui est réellement français et intelligible pour le plus grand nombre de l’époque. Quelques règles furent donc décidées, dictées par un sentiment de simplicité, de clarté et d’harmonie, par opposition avec la Pléiade où la versification se faisait encore parmi tant de mots formés et composés suivant la méthode des Latins et des Grecs.

    Malherbe a donc été celui qui a été le véritable promoteur de la poésie française moderne. Cela ne signifie pas pour autant que son génie fut supérieur à celui des poètes qui l’ont précédé,  mais tous les autres poètes de la première moitié du 17è siècle se sont inspirés des principes de Malherbe. Au reste dans le droit fil de cette évolution, le monde lettré de cette époque s’emploie à perfectionner et à constituer définitivement notre langue.  L’hôtel de Rambouillet, célèbre salon littéraire de la première moitié du 17é siècle, s’ouvre aux écrivains et auteurs célèbres.

    Tous s’y rencontrent et notamment  Vaugelas (1585-1650), Benserade (1613-1681), Voiture (1598-1648), Sorel (1602-1674)connu pour ses romans satiriques où l'esprit des bourgeois proteste contre les raffinements des précieux, mais aussi le prince de Marsillac, devenu plus tard duc de la Rochefoucauld, le célèbre auteur des Maximes. Les femmes distinguées sont également très présentes, et parmi elles la célèbre Mademoiselle de Scudéry (1607-1701), la marquise Catherine (1588-1665) créatrice du salon, tenant avec ses filles le sceptre de la conversation.

    Le pouvoir politique n’est pas absent puisque Richelieu prend sous sa haute protection une autre compagnie qui va s'appeler l’Académie française, et va devenir la règle vivante et l’arbitre souverain du bon usage et du bon goût (1635). Presque au même moment Descartes (1596-1650) publie son Discours de la méthode (1637) qui va renouveler la philosophie. Malebranche (1638-1715) se rattachera à lui tout comme d’autres philosophes moins connus.

    La tragédie de son coté est devenue plus dramatique et plus intéressante, grâce surtout à Alexandre Hardy (1570-1632). L’influence de l’Italie et de l’Espagne se font sentir, avec parfois des sujets héroïques qui prêtent aux traits brillants et aux développements oratoires. Corneille dans le Cid en 1636, puis dans ses plus grands chefs d’œuvre, fait entendre pour la première fois le langage naturel de la passion.

    De son côté la comédie se complaît dans des intrigues compliquées et les plaisanteries souvent grossières. Rares furent les auteurs de comédie de l’époque qui passèrent le cap de la postérité, mis à part Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676), de Scarron (1610-1660) et Savinien Cyrano de Bergerac connu pour sa pièce le Pédant joué (1654), mais dont le nom est célèbre… par la grâce d’un personnage d’Edmond Rostand qui porte son nom. En fait dans ce registre, seul Corneille réussit à amuser ce que l’on appelait « les honnêtes gens » sans qu’il n’en coûte rien à la morale et au bon goût de ce temps.  Sa pièce principale comme auteur de comédie sera le Menteur (1644).

    Enfin à cette époque, ce sont les discussions théologiques sur la grâce et les querelles de la Sorbonne et des Jansénistes qui vont commencer à émouvoir l’opinion publique.  Les écrits d’Arnauld (1612-1694), infatigable controversiste, de Nicole (1625-1695) avec ses Essais sur la Morale, ouvrirent la voie au génie de Pascal qui s’est d’abord illustré comme savant, mais qui laissera en mourant sa célèbre Apologie de la religion, au demeurant non achevée, dont Port-Royal publiera les fragments sous le nom de Pensées. Pascal recevra plus tard l’hommage des plus grands écrivains, dont Voltaire, qui écrira à propos des Lettres Provinciales : « Toutes les sortes d’éloquence y sont renfermées ». Désormais la langue française n’a plus de progrès à faire, et on va entrer de plain pied dans la période vraiment classique de notre histoire littéraire.

    Michel Escatafal