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Buffon : son génie égalait la majesté de la nature

littérature,histoireJean-Louis Leclerc de Buffon est né le 7 septembre 1707 à Montbard (Côte d’Or) et mort à Paris le 16 avril 1788. Dés 1739, après avoir publié d’importants travaux, il entrait à l’Académie des Sciences et était nommé intendant du Jardin du roi (aujourd’hui Jardin des plantes). C’est alors qu’il conçut le plan de son Histoire naturelle, dont les trois premiers volumes consacrés à la Théorie de la terre, et les douze suivants, qui contiennent l’histoire naturelle de l’homme et des quadrupèdes vivipares, parurent de 1749 à 1767. Puis vinrent neuf volumes consacrés aux oiseaux, cinq aux minéraux et enfin sept volumes de suppléments, dont la publication ne fut achevée qu’après sa mort, et dont le cinquième, les Epoques de la nature,  peut passer pour ce que Buffon a produit de plus remarquable et pour un des grands chefs d’œuvre de notre langue.

En disant que son génie égalait la majesté de la nature, les contemporains de Buffon semblent s’être bien rendu compte à la fois du caractère de son talent  et du but qu’il s’était proposé. Avant de prétendre louer ou blâmer l’ordre qu’il a suivi dans son étude des animaux, il faudrait d’abord s’être fait une opinion sur la question de savoir si les genres et les classes ont été créés par la nature, ou si ces divisions ne sont que l’ouvrage de notre esprit. Mais ceux mêmes qui se sont étonnés de voir qu’en dehors des discours généraux qu’elle renferme, cette grande Histoire naturelle ne se compose que d’une suite de monographies, ont justement admiré  néanmoins le sentiment profond que Buffon a toujours gardé de l’unité du plan de la nature et de la continuité de ses efforts. En outre il a voulu proportionner à l’idée qu’il s’était fait de la magnifique ampleur de son sujet, son style. Un style, dont la noblesse soutenue est le caractère, non pas exclusif, mais dominant.

Dans les Epoques de la nature (septième et dernière époque), il y a un passage consacré aux premiers hommes où plusieurs des traits de cette peinture si vivante, si abondante, et si précise des temps préhistoriques se trouvent déjà dans l’admirable tableau que Lucrèce avait lui-même tracé dans le cinquième livre de son poème de la Nature.

Dans l’Histoire naturelle (des Oiseaux), il y a la monographie de l’oiseau-mouche qui est vraiment admirable,  avec une précision sur leur manière d’être diabolique, ce qui m’impose d’en reprendre les premières lignes : «  De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme, et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature ; elle l’a placé  dans l’ordre des oiseaux, au dernier degré de l’échelle de grandeur, maxime miranda in minimis (c’est dans les plus petits que la nature est le plus admirable) ». Cette monographie a été dressée par l’abbé Bexon, Buffon n’ayant en fait rédigé que la rédaction définitive : « Nos jolis oiseaux-mouches vont donc commencer le sixième volume » dira Buffon dans une lettre à l’abbé du 3 août 1778. Par ailleurs, j’ai découvert en lisant ce qui est écrit sur l’oiseau-mouche que « pour le volume les petites espèces de ces oiseaux sont au-dessous de la grande mouche asile (le mot asile vient du latin asilus qui signifie taon) pour la grandeur, et du bourdon pour la grosseur ».

Toujours dans l’Histoire naturelle (Discours sur la nature des animaux), j’ai relevé dans l’étude qui est faite sur la société chez les animaux et chez l’homme une phrase qui a d’ailleurs suscité la polémique en son temps : « Toute habitude commune, bien loin d’avoir pour cause le principe d’une intelligence éclairée, ne suppose au contraire que celui d’une aveugle imitation ».  On a dit, en effet, que cette considération de Buffon était imprudente, et qu’elle pouvait se retourner contre l’homme. Cela dit, c’est se méprendre sur la vraie pensée de Buffon, comme il le démontre dans la suite du texte, où il explique que la formation de la société chez l’homme ne vient pas d’une habitude commune, mais au contraire d’un effort de la raison individuelle.

Et si l’on avait besoin d’une confirmation, nous la trouvons dans cette phrase sur l’homme où il dit : « Il n’est tranquille, il n’est fort, il n’est grand, il ne commande à l’univers que parce qu’il a su se commander à lui-même, se dompter, se soumettre et s’imposer des lois ; l’homme, en un mot, n’est homme que parce qu’il a su se réunir à l’homme ». On pourrait disserter longuement sur cette admirable pensée, en faisant remarquer au passage qu’on n’a peut-être jamais rien dit de plus fort, de plus profond, de plus décisif sur le principe naturel et l’origine de la société.

Enfin, on n’omettra pas de souligner que nous avons encore de Buffon un célèbre discours de réception à l’Académie française (1753), le Discours sur le style, et des Lettres. En outre il serait injuste de ne pas associer, pour une certaine part, à la gloire de Buffon ses principaux collaborateurs, les naturalistes Daubenton (1716-1799), Bexon (1748-1784) dont j’ai parlé précédemment, Baillon (1742-1802), et surtout Guéneau de Montbeillard (1720-1785), qui a participé principalement à l’Histoire des oiseaux, puis plus tard à l’Histoire des insectes.

Michel Escatafal

 

Commentaires

  • Je vous applaudis pour votre paragraphe. c'est un vrai charge d'écriture. Poursuivez .

  • Je vous vante pour votre recherche. c'est un vrai état d'écriture. Continuez .

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