Pedro Calderon de la Barca (1600-1681) est le grand poète dramatique de la seconde partie du Siècle d’Or. Né à Madrid d’une famille noble castillane, il fit ses études à Madrid et à Salamanque où il fit représenter à l’âge de vingt ans ses premiers essais dramatiques. Soldat comme Cervantes, il passa plusieurs années en Italie et en Flandre. Prêtre comme Lope de Vega, il fut chapelain honoraire du roi sans pour cela abandonner jamais le théâtre. Mort en 1681, il fut le vrai contemporain de Corneille.
Moins fécond que Lope de Vega (120 comédies et 80 autos sacramentales), il diffère de son illustre prédécesseur par une aisance moindre, une plus grande force dramatique, la vigueur du dessin, la puissance lyrique, mais aussi par son attitude plus réfléchie, son style davantage recherché, et son goût pour l’allégorie religieuse. Il a écrit des comédies de saints (Los caballos de Absalon, El principe constante), des drames sur des sujets philosophiques ou religieux (La Vida es sueno en français la vie est un songe, El magico prodigioso, la devocion de la Cruz), ou relatifs à la casuistique de l’honneur (El médico de su honra, El pintor de su deshonra, A secreto agravio secreta venganza), fidèle reflet des féroces préjugés de son temps quant à l’honneur des hommes mariés.
Cela ne l’a pas empêché de se consacrer à des pièces pseudo historiques, notamment à travers son œuvre maîtresse, El alcalde de Zalamea, qui est aussi ce que l’on appelle un drame d’honneur, et d’écrire également des comédies de cape et d’épée. Tout cela nous donne évidemment une idée précise de la vie en Espagne au Siècle d’Or, d’autant que le poète aura tout connu dans son existence, à la fois les honneurs du temps de Philippe IV, roi mais aussi poète à ses heures, et la pauvreté à la fin de sa vie, le roi Charles II n’aimant guère la poésie. Cela dit, sa fantaisie, son style plein de vigueur et de poésie, son prodigieux lyrisme font de Calderon l’émule et le véritable successeur de Lope de Vega. Disons pour résumer qu’il fut, juste derrière Cervantes et Lope de Vega, la personnalité la plus éclatante de la littérature ibérique, en même temps que l’égal des meilleurs dramaturges de tous les temps.
Après lui ses disciples, Francisco de Rojas (1607-1648) qui écrivit Garcia de Castanar, Del rey abajo ninguno, et Agustin Moreto (1618-1669) avec El desden con desden et El lindo don Diego, essayèrent de maintenir à une certaine hauteur la tradition de la comédie, ce qu’ils réussirent à faire en partie loin toutefois de leur maître. Hélas, leurs successeurs ne poursuivront pas dans la même voie, et la comédie va connaître une décadence rapide masquée néanmoins par l’inébranlable ferveur du public pour ce genre littéraire. Malgré tout, après la décadence politique, est arrivée très vite l’heure de l’épuisement de l’inspiration littéraire.
Michel Escatafal