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vespasien

  • Quintilien : la vie et l'oeuvre de cet enseignant de l'éloquence

    Histoire romaine, littérature romaine, quintilien, Vespasien, DomitienComme Sénèque, Lucain, Martial, Quintilien était d’origine espagnole. Il naquit vers l’an 35, à Callaguris (aujourd’hui Calahorra), dans la grande province appelée à l’époque Tarraconaise (Aragon, Catalogne, Asturies). Son père qui fut rhéteur ou avocat, voulait certainement pousser son fils vers l’une de ces deux professions, car, amené de bonne heure à Rome, le jeune homme reçut d’abord les leçons du fameux grammairien Palémon et, plus tard, suivit Domitius Afer, un orateur qui prétendait alors soutenir la tradition classique. On a pensé que Quintilien, après ses études, ayant ouvert une école de rhétorique, ne connaîtrait pas la réussite, ce qui pouvait s’expliquer par le fait que le goût de Sénèque triomphait alors. Cela dit, il retourna en Espagne avec Galba, nommé par Néron gouverneur de la Tarraconaise (60). Au bout de huit ans, Galba, élevé à l’empire, ramenait avec lui Quintilien, qui commença sa carrière littéraire. Il débuta par des plaidoyers et obtint très vite un grand succès grâce à l’affaire d’un certain Naevius Arpinianus, mari trop violent, qui avait jeté sa femme par la fenêtre. Comme avocat, Quintilien nous apprend lui-même qu’il se distinguait par la méthode, disons plutôt sa méthode. Il excellait à établir la cause, à en tracer les grandes lignes, et, lorsque dans un procès il y avait plusieurs avocats, on le chargeait toujours de la narration, c’est-à-dire de l’exposé des faits.

    Au commencement du règne de Vespasien (69), sa réputation était faite : c’est alors que le nouvel empereur le nomma à la première chaire publique d’éloquence. Pour cela il recevait un traitement annuel de 100.000 sesterces, somme importante pour l’époque si l’on considère que cela pourrait représenter au moins autant d’euros de nos jours. Pendant vingt ans Quintilien, suivant le mot de Martial, « fut le guide éminent de la jeunesse romaine ». A peine avait-il pris sa retraite, comme nous dirions, que Domitien (empereur 81-96) lui confia l’éducation de deux de ses neveux. Ces enfants étaient les fils de Flavia Domitilla qui, accusée de superstition étrangère, sans doute de christianisme, ne tarda pas à être exilée. Pendant ce très court préceptorat, Quintilien fut comblé d’honneurs, Domitien lui accordant même les ornements consulaires. A ce propos on peut se demander pourquoi a-t-il fallu que le vieux maître ait cru devoir payer au prince sa dette de reconnaissance par les plus plates adulations ?

    Les dernières années de Quintilien connurent de douloureuses épreuves. Il perdit sa jeune femme, puis un fils et, peu de temps après, son dernier enfant, pour lequel il avait une tendresse particulière. « Ce fils, qui promettait tant, en qui j’avais placé toute l’espérance de ma vieillesse, ce fils m’a été ravi, et, avec lui, tout ce qui me consolait du passé ». Il poursuivit cependant la composition de son Institution oratoire commencée avant ce deuil cruel». Cet ouvrage, destiné d’abord à son fils et à celui de son ami Marcellus Victorius (sénateur) fut dès lors à l’adresse de toute la jeunesse studieuse. L’Institution oratoire, c’est-à-dire l’Education de l’orateur, est un cours complet d’enseignement oratoire.

    Quintilien lui-même a tracé les grandes divisions de son livre de façon à nous dispenser d’en faire l’analyse : « Mon premier livre, dit-il, contiendra tout ce qui précède les fonctions du rhéteur (c’est-à-dire l’éducation de la première enfance et l’enseignement donné par le grammairien). Dans le second, je traiterai des premiers éléments de la rhétorique, et des questions qui ont pour objet la nature même de la rhétorique. Je consacrerai les cinq livres suivants à l’invention et à la disposition, les quatre autres à l’élocution y compris la mémoire et l’action. Enfin dans un dernier livre, qui regardera la personne même de l’orateur, j’expliquerai… quelles doivent être ses mœurs, ce qu’il doit observer dans les causes qu’il entreprend… quel genre d’éloquence il y doit employer, quel doit être le terme de ses travaux oratoires et à quelles études il doit se livrer dans sa retraite ».

    Outre l’Institution oratoire nous avons, sous le nom de Quintilien, un recueil de Déclamations qu’on ne saurait vraiment lui attribuer. Les anciens possédaient aussi un traité sur les Causes de la corruption de l’éloquence et un Manuel de rhétorique.

    Michel Escatafal

  • Pline l'Ancien : une vie assez courte, mais une oeuvre volumineuse

    histoire de rome,littérature romaine,pline l'ancien,pline le jeune,tibère,caligula,claude,titus,vespasien,herculanum,pompéiNé à Novum Comum (Côme aujourd’hui) en 23, sous Tibère, Pline l’Ancien fit ses études à Rome sous la direction du grammairien Apion qui, tout en enseignant les lettres et l’histoire, était aussi versé dans les diverses sciences. Ses études finies, Pline qui, en sa qualité de chevalier, était admis dans les grandes familles, vit de près la cour des empereurs Caligula (37-41) et Claude (41-54). Ensuite, après un court séjour en Afrique, il alla commander une aile de cavalerie en Germanie, où il fut le compagnon d’armes du futur empereur Titus (79-81). Très en faveur sous Vespasien (69-79), avec lequel il vécut dans une sorte d’intimité, il se vit chargé, avec le titre de procureur, de l’administration de plusieurs provinces. Enfin, c’est sous Titus, au moment de l’éruption du Vésuve qui engloutit Stabies, Herculanum et Pompéi, qu’il périt, à peine âgé de cinquante six ans, en observant le phénomène à Stabies (79). A cette époque il commandait une flotte rassemblée à Misène (près de Naples), pour défendre les côtes de l’Italie méridionale contre les pirates.

     

    Si cette vie assez courte se déroula presque tout entière dans les charges militaires et politiques, sans se dérober un seul instant, comme les anciens Romains, à ses devoirs civiques, elle n’empêcha pas son œuvre d’être volumineuse. En effet, outre son vaste ouvrage sur l’Histoire naturelle, il laissa un grand nombre d’écrits sur les sujets les plus divers : un traité d’art militaire sur la Manière de lancer le javelot à cheval, une Histoire des guerres de Germanie, très consultée par Tacite, un ouvrage sur l’Homme de lettres, une Dissertation grammaticale sur l’équivoque, enfin une Histoire de son temps.

     

    On aurait peine à comprendre pareille fécondité sans les détails que son neveu et lui-même nous ont laissés sur son prodigieux labeur. Levé avant le jour, Pline travaillait même la nuit : c’est ce qu’il appelait ses « moments de loisirs ». Partout il était accompagné d’un secrétaire à qui il dictait des notes et des extraits, écoutant des lectures jusque dans son bain. C’est ainsi qu’il laissa à son neveu, Pline le Jeune (61-112), cent soixante cahiers de notes écrits d’une écriture très fine au recto et au verso.

     

    Rien que son Histoire naturelle, le seul de ses ouvrages que nous possédions encore, eût suffi à défrayer l’activité d’un homme laborieux. On en jugera par l’énumération des matières qui y sont contenues. Divisée en trente sept livres, elle s’ouvre par une préface, sous forme de lettre à Titus, et par l’indication des sources où l’auteur a puisé : il a fait dit-il, « vingt mille extraits d’environ deux mille volumes qui proviennent de cent auteurs de choix ». Le second livre est une description physique du monde. La géographie prend les livres III à VI. Le septième livre est consacré à l’étude de l’homme. Il examine ensuite les mammifères dans le huitième, les poissons dans le neuvième, les oiseaux dans le dixième, les insectes dans le onzième. Puis, passant à la botanique, il traita des arbres, des arbrisseaux exotiques dans les livres XII et XIII, des arbres fruitiers dans les quatorzième et quinzième, des plantes et arbres sauvages dans le livre XVI, de l’arboriculture dans le dix-septième, des grains dans les dix-huitième et dix-neuvième, de l’agriculture du vingt au vingt-septième. Il reprend ensuite au point de vue médical l’examen de la botanique (XXVIII, XXXII), et de la zoologie. Enfin la minéralogie, considérée surtout dans ses rapports avec la vie et avec l’art, occupe la partie de l’ouvrage qui s’étend des livres XXXIII à XXXVII. Le livre XXXIV, sorte d’histoire de l’art antique, offre un intérêt tout spécial. Bref, un monument imposant, même s’il n’a rien de véritablement savant, surtout vu de nos jours.

     

    Michel Escatafall