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B. Constant, écrivain imparfait, mais défenseur passionné des droits de l’individu

littérature, histoire, benjamin Constant

Né le 25 octobre 1767, à Lausanne, Benjamin Constant de Rebecque appartenait à une famille protestante d’origine française. Rendu français par le décret de 1796, qu’il avait lui-même réclamé, et qui restituait le droit de cité aux descendants des victimes de la révocation de l’édit de Nantes (1685), il fut nommé tribun après le 18 Brumaire. Mais, lié avec Madame de Staël, il fut bientôt, après s’être vu éliminé du Tribunat (1802), condamné à partager son exil. Rentré en France avec les Bourbons, mais ennemi-né de toute réaction, il abandonna la cause de la légitimité aux Cents-Jours. Confiant dans les promesses libérales de Napoléon, prenant part lui-même à la rédaction de l’Acte additionnel, il fut nommé par l’Empereur conseiller d’Etat.

Exilé à la seconde Restauration, il put rentrer en France en 1816, fut élu député en 1819, et resta, jusqu’à la chute de la monarchie légitime, l’un des chefs du parti libéral. Après la révolution de 1830, dont il avait été l’un des instigateurs, il fut nommé par Louis-Philippe président du Conseil d’Etat, mais il mourut le 8 décembre de la même année. Ame très mobile, et pourtant éprise d’un idéal toujours le même, à la fois égoïste et sensible, très prompte à se laisser séduire, incapable de supporter un joug, esprit d’une rare indépendance, sur lequel Rousseau et Madame de Staël ont pu avoir quelque influence sans jamais l’asservir, théoricien politique, philosophe, orateur, écrivain, Benjamin Constant n’est pas moins remarquable par la multiplicité de ses talents que par l’originalité de son caractère et de son génie.

Défenseur passionné des droits de l’individu, comme en témoigne un remarquable discours qu’il fit sur la liberté des anciens comparée à celle des modernes, il diffère par la précision de la pensée maîtresse qui dirige tous  les efforts de tous ceux qui ont, comme lui, à côté de lui, lutté pour la liberté politique. Ses discours, les écrits qu’il a lui-même réunis sous le nom de Cours de politique constitutionnelle, sa philosophie religieuse, telle qu’il l’expose dans un livre prolixe mais profond, De la Religion considérée dans sa source, ses formes et son développement, sont inspirés du même sentiment. Malheureusement Benjamin Constant est un écrivain imparfait, manquant à la fois d’aisance et de précision. Du coup on hésite à mettre au nombre des purs chefs-d’œuvre jusqu’au célèbre roman d’Adolphe (écrit en 1807 et publié en 1816), espèce d’autobiographie morale, remarquable par une certaine affectation d’impartialité, et par la finesse de l’analyse psychologique.

Michel Escatafal

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