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Perse : rien dans sa vie ne le préparait à la satire

S’il est vrai que la satire vit surtout d’observations, que le talent du poète satirique se fortifie et se développe par la variété des relations et des rencontres, rien dans la vie de Perse ne semblait le préparer au genre qu’il a traité. Perse, né en 34 en Etrurie, passa son  enfance à Volaterra. Son père étant mort quand il avait six ans, son éducation fut dirigée par sa mère Fulvia Sisenna. Amené par elle à Rome vers sa douzième année, il y entendit les leçons des maîtres les plus célèbres, le grammairien Palémon qui lui apprit les règles de la poésie, le rhéteur Verginius Flavius dont les déclamations enthousiasmaient si fort la jeunesse, qu’il devint suspect au pouvoir et fut exilé.

A quinze ans Perse eut pour  maître de philosophie le stoïcien Cornutus (exilé par Néron parce que n’ayant pas suffisamment apprécié ses vers) : ce fut pour le jeune homme une heure décisive, son âme et son esprit avaient trouvé un guide, sa vie une direction, et il devint comme le pupille de Cornutus.  « Le jour, écrit-il à son maître, où je quittai la pourpre qui protège l’enfance…et suspendis ma bulle d’or en offrande à mes lares court-vêtus…, je me soumis à ta discipline. Grâce à toi, la philosophie, cette fille de Socrate, ouvrit ses bras à ma jeunesse…ton art façonna mon âme, ton pouce lui donna sa forme ».

Les enseignements de Cornutus étaient soutenus par les exemples que Perse trouvait autour de lui : il était de l’intimité de Thraséa, ce sage sans arrogance, qui, sous Néron, sut bien vivre et bien mourir. Il fut entouré par un cercle de nobles femmes, sa mère, sa sœur, qu’il aimait d’une tendresse exemplaire, Arria, la femme de  Thraséa qui voulut partager la mort de son mari, Fannia, sa fille, qui plus tard suivit son époux, Helvidius Priscus, dans l’exil.

Rien que de pur dans ce milieu, rien que de grave dans cette famille dont tous les membres  s’étaient destinés à la proscription. Perse ne sortit pas de ce monde de choix. Il avait connu Lucain à l’école, mais il ne semble pas que leurs relations aient continué. On le mit en rapport avec Sénèque, mais ce philosophe brillant et mondain, ne lui inspira que de la défiance. Il vécut ainsi à l’écart des hommes de son temps, ne connut d’eux que ce qu’il en entendait dire par ses parents et par son maître. Epris de rêve d’humanité, d’idéale vertu, au milieu de cette société violente et corrompue, il mourut à vingt-huit ans (en 62), laissant le souvenir d’une vie sans tache, d’une pureté unique.

Il avait composé divers écrits que Cornutus, institué par lui légataire de ses ouvrages et d’une partie de sa fortune, jugea indignes d’être conservés. De son élève, il publia seulement, aidé dans cette tâche par le poète Césius Bassus, les six satires que nous avons. La première est dirigée contre les travers littéraires du temps, la seconde contre l’hypocrisie, la troisième contre la paresse,  la quatrième contre la présomption des grands, la cinquième traite de la vraie liberté et la sixième attaque l'avarice.

Michel Escatafal

 

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