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Fontenelle : adversaire résolu de l’obscurantisme et vulgarisateur de la science

littérature,histoireNé à Rouen en 1657, mort en 1757, Bernard Le Bovier de Fontenelle, était le fils d’un avocat et le neveu des frères Corneille. Après avoir fréquenté le collège des jésuites, il étudia le droit avant de se consacrer très jeune à la littérature. Avant de débuter sa vraie carrière, il commença par collaborer à la revue de son oncle Thomas Corneille, le Mercure galant. Ensuite il écrivit d’assez fades productions en vers et en prose, et n’en fut pas moins recherché par les sociétés les plus délicates du temps, pour l’agrément de son esprit et de sa conversation. Ses Entretiens sur la pluralité des mondes (1686), qui mettaient, pour la première fois, les grandes découvertes astronomiques à la portée des gens du monde, parurent et paraissent encore aux meilleurs juges trop gracieux et trop plein d’affectations.

En revanche les Eloges des Académiciens, qu’il composa plus tard comme secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, sont remarquables par la facilité, la précision, la sobriété délicate d’un style dans lequel la recherche ne se sent presque plus. Ils avaient aussi, aux yeux des contemporains, outre le mérite d’exposer d’une manière fort intelligible les découvertes des savants, celui de faire pénétrer l’auditeur dans les détails de leur vie en même temps que de leur œuvre.

Dans la querelle des Anciens et des Modernes, Fontenelle fut un des chefs du parti des Modernes. Sa Digression sur les Anciens et les Modernes (en 1688) lui permit d’être élu à l’Académie Française en 1691. Dans ce débat, malgré une certaine prudence, il sut faire preuve de cet esprit sceptique et rebelle à l’autorité de la tradition, qu’il allait continuer à développer pendant le cours du dix-huitième siècle. Parmi ses ouvrages philosophiques les plus marquants, on doit citer la République des philosophes, où l’utopie côtoie la provocation  puisque l’auteur évoque une démocratie radicale, matérialiste et athée, des  gros mots à l’époque, mais sans conséquences pour Fontenelle puisque ce roman fut publié après sa mort. Auparavant il avait écrit une Histoire des Oracles (1687) qui dénonçait les impostures en matière de religion. Autant d’ouvrages qui en firent le premier des philosophes de ce que l’on a appelé le Siècle des Lumières.

Dans les Eloges des académiciens de l’Académie royale des sciences morts depuis l’an 1699, j’ai plus particulièrement apprécié celui du maréchal de Vauban, personnage ô combien important du royaume. Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707), s’est illustré non seulement par ses grands travaux de fortifications que l’on retrouve un peu partout dans notre pays, mais aussi par ses écrits divers réunis sous le nom d’Oisivetés, ou encore par la publication d’un célèbre mémoire intitulé la Dime Royale, livre tout animé de l’amour le plus désintéressé du bien public, qui exposait le plan d’une réforme équitable des impôts, mais qui fit perdre à l’auteur les bonnes grâces du roi.

Saint-Simon l’a appelé « le plus honnête homme et le plus vertueux de son siècle », et pour ma part j’ajouterais de tous les siècles après sa mort. Comme l’a dit Fontenelle, il est quand même rare de trouver une personnalité capable de secourir « de sommes assez considérables des officiers qui n’étaient pas en état de soutenir le service ; et, quand on venait à le savoir, il disait qu’il prétendait leur restituer ce qu’il recevait de trop des bienfaits du roi ». D’ailleurs, « il a eu la gloire de ne laisser en mourant qu’une fortune médiocre ». Bref pour Fontenelle, Vauban était «  un Romain qu’il semblait que notre siècle eût dérobé aux plus heureux temps de la République ».

Dans la Préface sur l’utilité des mathématiques et de la physique et sur les travaux de l’Académie des sciences, j’ai découvert qu’à l’époque de Louis XIV on entendait par la physique, tout à la fois ce que nous appelons aujourd’hui les sciences physiques  et les sciences naturelles. Dans un autre ordre d’idées, j’ai appris que l’Observatoire, « superbe bâtiment » comme le qualifie Fontenelle, a été construit à Paris par Claude Perrault, de 1667 à 1672. De même quand Fontenelle parle de « l’habileté du géomètre », il évoque les progrès dans l’art du nivellement qui ont été dus surtout aux découvertes de l’astronome  français Jean Picard (1620-1682). Tout cela pour dire que l’œuvre de Fontenelle est d’une qualité rare, tant sur le plan scientifique que sur celui de la philosophie, où il fut un de ceux qui s’attaquèrent avec le plus de force à l’obscurantisme.

Michel Escatafal

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