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Louis Bourdaloue : un très grand sermonnaire

bourdaloue.jpgNé à Bourges en 1632, mort en 1704, Louis Bourdaloue, de la Société de Jésus, est le plus grand de nos sermonnaires après Bossuet, à qui les contemporains semblent même l’avoir préféré. Boileau, par exemple, le considéra comme "le plus grand orateur dont le siècle se vante". D'autres le surnommèrent "roi des prédicateurs, prédicateur des rois". Sa carrière de prédicateur commença à Paris en 1669, c’est-à-dire l’année même où Bossuet, nommé précepteur du dauphin, allait être pour longtemps obligé à renoncer , ou peu s’en faut, à la prédication.

Par rapport à Bossuet, dont la prédication était essentiellement dogmatique, Bourdaloue s’attachait surtout à l’enseignement de la morale, ce qui le rendait plus à même de captiver l’attention de ses auditeurs. Il était aussi plus polémique, comme nous dirions de nos jours, en remplissant ses sermons des attaques les plus vigoureuses et les plus précises contre les mœurs de son temps. D’ailleurs en étudiant ces sermons, on pourrait presque reconstituer le tableau de la société française dans la seconde moitié du dix-septième siècle (en plein dans le règne de Louis XIV), entre autres les débats sérieux suscités par le jansénisme qui ont agité la France et l’Église. 

Cela dit, le succès de la prédication de Bourdaloue devait exercer une influence fâcheuse sur les jeunes prédicateurs qui, sans être animés de l’impétueuse charité qui faisait la force et la grandeur du maître, recherchèrent la faveur du public en peignant les mœurs à la façon des moralistes, au lieu d’enseigner purement et simplement la doctrine évangélique. Aussi, parlant de Bossuet et de Bourdaloue, La Bruyère a-t-il pu dire qu’ils "ont eu le destin des grands modèles : l’un a fait de mauvais censeurs, l’autre de mauvais copistes". En tout cas, en lisant quelques uns de ses sermons, notamment le Sermon sur la Pénitence, j’ai pu constater que Bourdaloue ne mâchait pas ses mots vis-à-vis des grands seigneurs qui avaient la mauvaise habitude, entre autres, de ne pas payer leurs dettes.

Il suffit de lire dans ce sermon le passage consacré au vrai repentir du pécheur à qui Bourdaloue s’adresse : "Vous êtes un homme du monde, un homme distingué par votre naissance, mais dont les affaires (ce qui n’est aujourd’hui que trop commun) sont dans la confusion et dans le désordre. Que ce soit par un malheur ou par votre faute, ce n’est pas là maintenant de quoi il s’agit. Or, dans cet état, ce qui vous porte à mille péchés, c’est une dépense qui excède vos forces et que vous ne soutenez que parce que vous ne voulez pas vous régler, et par une fausse gloire que vous vous faites de ne pas déchoir. Car de là les injustices, de là les duretés criantes envers de pauvres créanciers que vous désolez ; envers de pauvres marchands aux dépens de qui vous vivez ; envers de pauvres artisans que vous faites languir ; envers de pauvres domestiques dont vous retenez le salaire". Effectivement ce pécheur n’a vraiment rien d’un véritable pénitent !

Michel Escatafal

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