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Caecilius Statius : le renouveau de la comédie latine

Caecilius Statius.pngDans mon précédent billet j’ai évoqué la réussite de Plaute, mais le public de Rome réclamait du nouveau. Il allait l’avoir avec Caecilius Statius, né entre 220 et 230 et mort en 168 ou 166  avant notre ère, ami intime et contemporain d’Ennius, ancien esclave de la Gaule Cisalpine qui venait d’être soumise (219). Caecilius Statius  allait en effet  assurer la transition entre Plaute et Térence, en épurant la farce en se rapprochant de celui qu’on appelait le « comique raffiné », le Grec Ménandre (vers 343-292 avant J.C.), dont il fut le traducteur d’après Cicéron et Aulu-Gelle.

Affranchi à Rome, Statius prit le nom de Caecilius, son patron, qui appartenait sans doute à l’une des plus grandes familles de Rome, les Caecilii Metelli. Cependant, n’oubliant pas qu’il avait été esclave et que la plupart des esclaves étaient appelés Statius, il en fit ensuite un surnom et s’appela Caecilius Statius. C’est sous ce nom qu’il passa à la postérité.

Nous n’avons de lui que de courts fragments, conservés dans l’œuvre d’Aulu-Gelle qui cite plusieurs passages de son Plocium (collier) traduit de Ménandre, et les titres de la plupart de ses pièces, par exemple Obolostates (Le Peseur d’oboles) ou Nauclerus seu Portitor (Le Patron du Navire)…), ce qui apparaît a priori insuffisant pour que l’on s’intéressât à lui.

Mais comme l’a dit Cicéron dans le livre 2 du De Finibus, le fait que ses pièces soient désignées par leur seul nom sans référence à l’auteur, est une indication suffisante pour mesurer leur popularité à l’époque. Plus encore, il fut celui qui prépara la voie à Térence, l’auteur qui faisait sourire sans rire, dont j’aurai le plaisir de parler prochainement.

Caecilius Statius imitait les Grecs plus fidèlement et plus scrupuleusement que Plaute. Les critiques dramatiques anciens, notamment Volcacius Sedigitus et Varron, le plaçaient au premier rang des poètes comiques, et lui reconnaissaient une supériorité marquée dans la conduite de l’intrigue et le pouvoir d’émotion, par comparaison avec Plaute. Son but n’était pas de provoquer des éclats de rire, mais plutôt de respecter la vraisemblance des situations et des caractères, au point qu’il eut à se plaindre parfois des rigueurs du public.

 On raconte enfin, sans que l’authenticité en soit prouvée, que c’est à Caecilius Statius que Térence, envoyé par les édiles, soumit sa première comédie, avec un accueil plutôt froid du vieux poète…en train de dîner. Mais cela ne dura pas, et à la lecture de l’Andrienne il laissa très vite éclater son admiration pour le jeune débutant. Cela étant, contrairement à ce que nous pouvons lire un peu partout, c’est bien Caecilius Statius qui fit figure de pionnier de la seconde génération des littérateurs romains. Ces derniers n’avaient peut-être pas le  courage et l’espérance de ceux qui les ont précédés (Ennius, Plaute), mais leur goût plus formé les engagea à moins attendre d’eux-mêmes que de leurs maîtres.

Michel Escatafal

Commentaires

  • BON DEPART

  • Bravo pour votre érudition!
    J'ai lu que ce poète aurait écrit , à la suite d'Ésope, "La Chatte métamorphosée en Femme" ou "La Chatte et Aphrodite". Cet apologue entre-t-il dans sa liste d'œuvres, et sous quel titre latin?
    Au plaisir de votre réponse.
    Michel

  • Je n'ai pas le titre latin. Cordialement et merci.

  • Bon article, merci pour ce partage.

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