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  • Delille, poète de grand talent mais non reconnu par la postérité

    littérature,histoireEnfant naturel né le 22 juin 1738 à Aigueperse, chef lieu de canton du département du Puy-de-Dôme, mort aveugle à Paris le 2 mai 1813, Jacques Delille publia en 1769 une traduction des Georgiques de Virgile qui le fit, du premier coup, considérer comme un poète du plus grand talent. Elu à l’Académie française en 1774, le poème des Jardins (1782) ajouta encore à sa réputation. Ensuite il s’exila après le 9 thermidor et composa en Suisse l’Homme des champs (1800), la Pitié (1803) en Allemagne. Rentré en France en 1802, il composa l’Imagination (1806), Les Trois Règnes de la nature (1809) et La Conversation (1812), se plaçant tout à fait à la tête de cette école de poètes descriptifs, qui fut si florissante dans la dernière partie du dix-huitième siècle et les premières années du dix-neuvième.

    Delille jouit auprès de ses contemporains d’une faveur extraordinaire. La postérité au contraire a été sévère pour ce poète à l’esprit élégant et facile, qui n’a jamais su ni voulu peindre la nature dans sa vérité, et pour qui la poésie descriptive semble n’avoir été que l’art des ingénieuses périphrases. Ses poèmes se composent tous d’ailleurs d’une suite de tableaux tracés d’après des procédés toujours identiques, et reliés entre eux  par une trame assez lâche. On trouve cependant dans ces mêmes œuvres quelques passages qui sont dignes d’un vrai poète, et dont la versification même n’est pas sans originalité. Delille a encore laissé une traduction en vers de l’Enéide de Virgile, ainsi que du  Paradis perdu de Milton (1608-1674), aveugle comme lui, et de l’Essai sur l’homme de Pope (1688-1744). Son œuvre a été publiée par Tissot (1768-1854), un ami du poète  et son suppléant, puis son successeur dans la chaire de poésie latine du Collège de France.

    Michel Escatafal