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Le Brun, maître de l'épigramme

Le Brun.pngPonce Denis Ecouchard Le Brun est né le 10 août 1729 à Paris dans la maison du prince de Conti, où son père était valet de chambre, et mort le 31 aout 1807. Ses contemporains firent une telle estime de son talent qu’ils le surnommèrent Le Brun-Pindare, en référence au merveilleux poète grec  qu’il évoque dans une de ses Odes (sur l’enthousiasme). André Chénier notamment le regarda longtemps comme un maître de la poésie lyrique, élégiaque et didactique. Et en effet, il faut lui reconnaître au moins un certain sentiment de la grandeur, le dédain du succès facile et le désir de se distinguer par la diversité autant que par la noblesse de l’inspiration.

Mais plus que ses cent cinquante Odes, qui nous paraissent emphatiques et peu sincères, même si Chénier dans son Tableau de la littérature française considère qu’il « est sans émule dans le genre de l’ode », plus que ses Elégies, ses Epîtres et ses poèmes, les Veillées du Parnasse et la Nature, nous apprécions de nos jours ses très nombreuses épigrammes (six livres), dont quelques unes sont peut-être ce que la poésie française a produit de plus achevé dans ce genre secondaire.

Le caractère de Le Brun fut moins estimable que son talent. Ses violences contraignirent la femme distinguée qu’il avait épousée (en 1759), Madame Marie-Anne de Surcourt qu’il nomma « Fanni » dans ses œuvres, à se séparer de lui (1781), et sa vénalité lui a été souvent et à juste titre reprochée. En effet, pensionné par Louis XVI sur recommandation de la reine (deux mille livres par an), il oublia les bienfaits de ce roi et se fit plus d’une fois l’interprète des passions révolutionnaires soulevées contre lui, au point qu’il devint le poète officiel  de la Révolution. Quelques années plus tard, il flattait Napoléon et recevait de lui une pension de six mille livres, somme conséquente à l’époque, devenant cette fois le poète officiel de l’Empire. Il mourra dans cette fonction semi-officielle le 31 août 1807, alors que l’Empire napoléonien était à son apogée.

Parmi les Odes de Le Brun, j’en retiendrais deux, l’une consacrée à Buffon (1779) qu’il considérait comme un grand homme, allant jusqu’à imaginer Madame Buffon intercédant en faveur de son mari malade, afin qu’il ait le temps d’achever ses travaux sur l’Encyclopédie, intercession efficace puisque Buffon se rétablit. Quant à l’autre, elle s’adresse à Mademoiselle Marie Corneille qui était l’arrière-petite-fille d’un oncle du grand Corneille, et non comme on l’a cru longtemps l’arrière-petite-fille du poète lui-même.  Cette ode fut écrite dans le but de recommander à Voltaire cette jeune fille réduite à la misère, ce qui lui valut une polémique célèbre avec Fréron, le meilleur ennemi de Voltaire. Cela n’empêcha pas ce dernier d’accueillir la jeune fille chez lui, et d’entreprendre sa fameuse édition de Corneille pour lui constituer une dot avec l’argent qu’elle rapporterait. Le succès fut au rendez-vous et Marie Corneille put ensuite se marier très honorablement (lettres de Voltaire du mois de novembre 1760).

Michel Escatafal

 

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