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Stace fut au moins un merveilleux versificateur

littérature, histoireAprès Lucain une nouvelle voie sembla s’ouvrir, car finalement personne ne s’engagea dans celle qu’il avait essayé de tracer. Valérius Flaccus (mort en 90), qui écrivit sous Vespasien et Domitien, Silius Italicus (26-101), qui vécut jusque sous le règne de Trajan, revinrent le premier à l’épopée mythologique, le second à l’imitation du cadre que Virgile avait fourni avec son Enéide. Valérius Flaccus suivait l’alexandrin Appolonius de Rhodes, dans ses Argonautiques (qu’il n’eut pas le temps d’achever), et Silius Italicus racontait la Guerre punique et gâtait le beau récit de Tite-Live en y mêlant un merveilleux de pure convention. L’un et l’autre restaient impuissants  à donner par le charme du style quelque intérêt à ces froides compositions. Stace, qui les suivit, ne laissa point une œuvre plus élevée ni plus forte, mais ce fut du moins un merveilleux versificateur et un homme d’esprit. C’était aussi un fort honnête homme, toutes ces qualités paraissant suffisantes pour qu’on s’intéresse à lui.

Stace était né à Naples, peut-être en 45. Son père, après avoir fait des vers, avait ouvert une école à Rome et son enseignement y fut goûté. Il eut pour élèves les enfants des grandes maisons, et put y introduire son fils, dont la précocité le ravissait. A l’ordinaire, ses succès de professeur ne l’enrichirent point et, quand il mourut, le jeune Stace n’eut d’autre héritage que les couronnes paternelles gagnées dans les concours. Il fallait vivre : ses vers devinrent son gagne-pain. Il célébra l’empereur Domitien, laissant de lui le portrait le plus rose, le décrivant même, comme Martial (40-104), beau comme un archange, alors que Tacite et Pline le considéraient comme un personnage noir et d’un physique peu engageant. Stace chanta aussi les favoris de l’empereur, les villas de ses protecteurs, composa des épithalames, des éloges funèbres : triste besogne sans doute, mais que la nécessité explique.

Marié de très bonne heure, Stace, qui semble avoir été une âme tendre, avait adopté un enfant. Sa femme, Claudia, veuve lorsqu’il l’épousa, amena dans la maison du poète une fille  qu’il aima comme si elle eut été sienne.  Pour que ces êtres chers ne connussent pas le besoin, trop de fierté eût été dangereuse, et il y aurait sans doute mauvaise grâce à reprocher au pauvre Stace ses flatteries, puisque ni l’ambition, ni l’intérêt ne les lui dictèrent. Des excès de travail délabrèrent assez tôt sa santé, ce qui lui donna le désir de quitter Rome et sa vie fiévreuse pour la rétablir. Ensuite il voulut revoir son pays de Naples, et ne tarda pas à y mourir (dans les années 90).

Nous avons de lui la Thébaïde, son œuvre majeure du moins pour l’ambition qu’il y mit, épopée en douze chants, et l’Achilléide, poème épique inachevé. La Thébaïde a pour sujet la lutte entre Etéocle et Polynice, alors que dans l’Achilléide il voulait développer toute la légende d’Achille, et raconter la vie du héros avant le siège de Troie et après la mort d’Hector. Les deux chants qu’il a écrits  contiennent les aventures d’Achille à Scyros, jusqu’au moment où il est reconnu par Ulysse. Stace a aussi publié un recueil des Sylves (c’était le nom que les Romains donnaient à ce qu’on a appelé chez nous poésies fugitives). Ce recueil est composé de trente-deux pièces, divisées en cinq livres, écrites en mètres divers et traitant de sujets d’actualité fournis par la vie du poète, de ses protecteurs, de ses parents, de ses amis.

Michel Escatafal

 

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