Ovide, né en mars 43 av. J.C. à Sulmone, surnommé Naso en raison de son nez proéminent, était d’une bonne famille, ce dont il faisait d’ailleurs assez bon marché : « Je possède, si l’on peut compter cela pour un avantage, un rang de chevalier, non par une faveur de la fortune, mais à titre d’héritier d’une race antique qui l’a possédé avant moi ». Sulmone, son pays natal, fut à l’en croire, un aimable coin de terre : « Quoique les rayons plus rapprochés du soleil y fendent le sol…les ruisseaux qui coulent au milieu des herbes toujours nouvelles couvrent cette terre ainsi rafraîchie d’un épais tapis de verdure ». Sa jeunesse ne connut ni difficulté, ni grandes émotions ; il voulait être poète, son père l’en détournait. Mais il ne contraignait pas très fort la vocation de son fils, puisqu’Ovide reçut la meilleure éducation, alla à l’école chez les maîtres les plus renommés, le rhéteur Arellius Fuscus, Porcius Latro, etc.
Par respect sans doute pour des convenances de famille, il entra un moment dans les charges publiques : « Je fus, nous dit-il, créé triumvir ». Il y fit bonne figure, malgré son amour des loisirs et des vers. Toutefois, une fois cette satisfaction donnée à son père, il pensa qu’il était quitte envers lui et ne voulut pas aller jusqu’à la dignité sénatoriale : « ce fardeau excédait la mesure de mes forces », et, devenu résolument poète, il vécut avec les poètes Properce, Horace, Tibulle, lesquels plus âgés que lui firent bon accueil à cet aimable débutant.
Il dut ses premiers succès, très prompts et très vifs, à des poésies érotiques. Pendant vingt-cinq ans tout lui sourit, la mode l’ayant adopté. Goûté des mondains, qui recherchaient l’homme autant qu’ils applaudissaient le poète, la faveur du public ne lui manquait pas : il était lu, nous dit-il, dans le monde entier. Pouvait-il, ainsi porté par la vogue, ne pas hausser son ambition ? Passé la quarantième année, lui convenait-il de s’attarder dans la poésie badine ? Il voulut donc élever le ton, et décida d’entreprendre ses poèmes des Métamorphoses et des Fastes. C’est alors qu’une mystérieuse disgrâce vint bouleverser cette existence jusque-là si aisée et si souriante. Ovide se vit (an 8), par ordre de l’empereur, condamnée à la « rélégation », c’est–à-dire au bannissement sans confiscation de ses biens.
Quelle fut la cause de cette catastrophe ? Ovide ne s’est jamais expliqué nettement à ce sujet. Ce fut d’ailleurs une belle occasion pour les commentateurs de faire des frais d’imagination, d’autant qu’on ne sut jamais réellement le motif de cette disgrâce, même si certains pensent que l’immoralité des premiers vers du poète avait indisposé Auguste. Dès lors il n’est pas étonnant ensuite que l’empereur ait pris occasion d’une imprudence, d’une indiscrétion, peut-être même d’un scandale auquel Ovide fut mêlé, pour le frapper. Pour d’autres, au contraire, Ovide aurait assisté à une scène compromettante pour un membre de la famille de l’empereur. Dans le pays des Gètes, à Tomes (aujourd’hui Kustendjé) qui lui fut assigné comme résidence, le malheureux se consuma en regrets, et tant qu’Auguste vécut, il ne cessa de demander son rappel et allait peut-être l’obtenir, quand le vieil empereur mourut. L’exilé espéra contre toute espérance, flatta et supplia Tibère qui resta sourd, et il s’éteignit à soixante ans en 17 sans avoir pu revoir Rome, mourant dans ce « Pays du Pont, pays de galop et d'errance ». On n'a jamais retrouvé sa tombe.
Ovide, qui avait une merveilleuse facilité, laissa une œuvre considérable. Il débuta par trois livres d’élégies intitulées Amours, donna ensuite les Héroïdes, c’est-à-dire des lettres écrites par des femmes, Pénélope, Briséis, Laodamie, etc., à des héros de la mythologie antique, puis l’Art d’aimer, les Cosmétiques. Vinrent ensuite les Métamorphoses. Dans les quinze livres qui composent le poème, se déroulent depuis l’origine du monde jusqu’à l’apothéose de César toutes les fables sur les transformations « qui ont revêtu les corps de formes nouvelles ». En dédiant les Fastes à Germanicus, Ovide indique lui-même dès le début le sujet de l’ouvrage : « Je chanterai l’année romaine, ses divisions, leurs causes ; je dirai quand les constellations apparaissent, quand elles descendent sous l’horizon ». C’est le calendrier romain, mis en vers. Les Fastes, qui dans le plan du poète devaient avoir douze livres, s’arrêtent au sixième : l’exil survint et l’empêcha de terminer cette tâche, comme de retoucher les Métamorphoses que, dit-on, il voulut brûler.
En exil il écrivit les cinq livres des Tristes, où il se plaint des dangers qu’il a courus dans son voyage, de la rigueur du climat sous lequel il vit, où il supplie sa femme, une Fabia, d’intercéder pour lui, où il présente son apologie à Auguste. Les Pontiques, en quatre livres, renferment une série de lettres adressées à ses anciens amis et protecteurs et qui ne font guère que répéter avec davantage de langueur les doléances des Tristes. A ces heures douloureuses, Ovide, qui restait malgré tout un versificateur infatigable, décrivait les poissons de la Mer Noire dans les Halieutiques (qu’il n’acheva pas) et dirigeait contre un personnage resté inconnu une satire imitée du poète alexandrin Callimaque (310 -235 av. J.C.) et intitulée Ibis, comme l’original grec.
Michel Escatafal
Commentaires
pas mal mais un peut long et il n'y a pas sommaire
c'est bien mai un peu long
c'est bon mais on doit avoir l'esprit de synthese